Le Musée de l'Homme. La cire sous toutes les coutures...

Catégorie Les Arts au soleil

entièrement consacrée au wax, ce tissu emblématique du continent africain, dont les couleurs et les motifs ont traversé les frontières et les décennies. Une exposition en deux volets, l'un consacré à l'histoire du tissu, depuis plus de 120 ans entre Asie, Europe et Afrique, et l'autre à son actualité sur la scène de la mode, du design et de l'art contemporain.


- photo © Thandiwe Muriu -


À l’heure où le wax connaît une popularité sans précédent dans les sociétés occidentales, l’exposition donne à voir la richesse de ce tissu reconnaissable entre tous mais dont l’histoire singulière est méconnue du grand public, au Balcon des Sciences (2e étage). Elle croise les regards d’anthropologues, d’historiens de l’art, de designers, de couturiers et d’artistes contemporains qui examinent le wax sous toutes ses coutures. 

À l’origine, le wax est une transposition technique et iconographique du batik, un tissu d’origine indonésienne teint grâce à une technique de réserve à la cire. Industrialisé par les Européens, le tissu a rencontré le succès en Afrique de l’Ouest, puis s’est diffusé sur le continent, se taillant une place de choix dans la galaxie des textiles africains. Il est ainsi devenu l’objet d’un enjeu commercial et industriel, dont les cartes sont rebattues depuis la fin de la période coloniale. 

Dans le Foyer Germaine Tillion (1er étage), des œuvres d’art contemporain ainsi que des créations dans le domaine de la mode seront présentées. S’il est généralement perçu comme un tissu « africain », certains artistes considèrent que le wax renvoie en réalité à un imaginaire de l’Afrique stéréotypé, et dénoncent le fait qu’il a éclipsé les tissus traditionnels du continent. A contrario, il est aussi devenu un outil de revendication identitaire notamment pour les artistes afrodescendants de la diaspora. Les créations des stylistes Lamine Badian Kouyaté (Xuly Bët), Alexis Temomanin, Adina Ntankeu, les œuvres des photographes Malick Sidibé, Seydou Keita, Thandiwe Muriu, Omar Victor Diop, Krissina Poba, ou des artistes Gombo, Romuald Hazoumé, Lamine ou Mosengo Shila, Selly Raby Kane, Hilary Balu, entre autres, font état de ces différents regards sur le wax.

  • À l'occasion de l'exposition, Bayard Graphic' publie, « Wax Paradoxe », de Justine Sow, une bande dessinée qui retrace la grande aventure du wax à travers celle de Sofia, une jeune femme métisse qui renoue avec son histoire familiale. Celle-ci découvre en effet que les wax que son père lui offrait chaque année étaient davantage que des cadeaux : ils portaient, à travers leurs motifs, des messages d’amour et de confiance. En librairie le 5 février 2025, 136 pages, 22 €.