Lille. Raphaël, le dessin d’abord…

tout en finesse.

Catégorie Les Arts au soleil

Après Expérience Goya en 2021, puis la Forêt magique en 2022, le Palais des Beaux-Arts achève son cycle d’expositions « augmentées » avec Expérience Raphaël. Pour la première fois, l’intégralité du fonds de dessins légué par le peintre et collectionneur Jean-Baptiste Wicar (Lille, 1762-Rome, 1834), y sera révélée au public. Le parcours permettra de suivre la carrière de ce génie de la Renaissance, de ses premières commandes en 1500 jusqu’à sa mort en 1520. Il sera complété par des tableaux et des reconstitutions numériques de quelques peintures aujourd’hui détruites, dont les dessins constituent parfois la seule trace.


Construit autour de 43 œuvres graphiques originales des collections du Palais des Beaux-Arts parmi lesquelles 37 dessins de Raphaël dont 16 recto-verso, le parcours de l’exposition donne à voir le processus de création de l’artiste, le dessin servant de point de départ à la composition de peintures souvent de grand format. Motivée par des commandes ou des amitiés artistiques, la trajectoire de Raphaël s'inscrit aussi géographiquement entre trois cités-états de l'Italie de la Renaissance : Pérouse, Florence et Rome.

Pour plonger dans l’art du maître de la Renaissance, l’exposition inclut des dispositifs numériques permettant de mieux comprendre les dessins. En guise d’introduction, un film doté d’une bande son originale de Jean-Benoît Dunckel (co-fondateur du groupe AIR), projeté à 360° dans la rotonde de l’atrium, retrace la vie «fantasmée» de Raphaël, de sa naissance jusqu’au mythe forgé par les artistes du XIXe siècle. Le tableau de la Pala Baronci, première œuvre datée de Raphaël, aujourd’hui presqu’entièrement détruit, est aussi évoqué dans le parcours de l’exposition, sous une forme numérique. Le visiteur est également invité à entrer virtuellement dans la chambre de la Signature, pour y découvrir ses célèbres fresques, dont les étapes de la composition à partir des dessins, sont données à voir. Enfin, une immersion sonore dans l’Italie de la Renaissance est proposée, telle une invitation à écouter pour mieux regarder.

Artiste « touché par la grâce », selon les termes de l’historien d’art Giorgio Vasari (1511-1574), Raphaël (1483 – 1520) s’impose en seulement quelques décennies comme l’un des plus grands artistes de tous les temps. Dessinateur, peintre et architecte, il incarne le génie de la Renaissance, au même titre que Léonard de Vinci (1452-1519) et Michel-Ange (1475-1564), ses aînés, qu’il côtoie à Florence puis à Rome, dans une rivalité stimulante que le caractère orageux de Michel-Ange rend parfois même tumultueuse. Réputé être, à l’inverse, sociable et doux, Raphaël n’en est que davantage regretté lorsqu’il décède prématurément de maladie à Rome en 1520 à seulement 37 ans, laissant derrière lui une œuvre immense, dont la dimension exceptionnelle était déjà reconnue par ses contemporains.

Juliette Singer, directrice du Palais des Beaux-Arts de Lille


- Raphaël (dit), Sanzio Raffaello (1483-1520)
Étude pour La Sainte Famille à la grenade
(Sainte Famille Alfani), vers 1507-1508
Pointe de plomb, plume et encre brune,
© GrandPalaisRmn  Adrien Didierjean -