Cannes Festival. Napoléon était passé par là…
De retour de l’île d’Elbe, Napoléon avait fait étape à Cannes, présumement aux pieds de l’église Notre Dame, à deux pas du futur Palais des Festivals. Sans se doute quelques décades plus tard, un film témoignera sur grand écran de son destin.
Légende connue des cinéphiles du monde entier, Napoléon vu par Abel Gance est l'une des œuvres les plus importantes du muet et l'une des restaurations les plus monumentales de l’histoire du cinéma. La Première Époque sera projetée le 14 mai en avant-première mondiale, dans une version issue d’un travail colossal, mené par la Cinémathèque française avec le soutien du CNC.
Il aura fallu plus de seize ans pour redonner vie à la grande œuvre d’Abel Gance, ce film-opéra à grand spectacle qui a connu une trajectoire hors du commun, afin de retrouver son intégrité et sa superbe.
Pour cette reconstruction titanesque du film d’une durée de 7 heures, divisée en deux époques, différentes sources ont permis de revenir à la trame originale. Des bobines ont été retrouvées à la Cinémathèque française, au CNC, à la Cinémathèque de Toulouse et de Corse, mais aussi au Danemark, en Serbie, en Italie, au Luxembourg, à New-York… Georges Mourier et son équipe ont travaillé image par image et expertisé près de 100 kilomètres de pellicule. Les notes de montage d’Abel Gance et les échanges avec sa monteuse, retrouvés à la BNF, ont permis de remonter le film dans sa version d’origine.
En 1927, Napoléon vu par Abel Gance a l’ambition de son sujet : il multiplie les innovations techniques et esthétiques, comme les caméras montées sur des chevaux ou la fameuse fin en triptyque, sur trois écrans en simultané. Avec son casting grandiose, ses milliers de figurants, le film bouleverse le public et la critique lors de sa première projection à l’Opéra de Paris le 7 avril 1927, en présence du Président de la République Gaston Doumergue et des Maréchaux Foch et Joffre. Il commence alors sa carrière en France et dans le monde.
A l’arrivée du cinéma parlant, les bobines sont dispersées à travers le globe, certaines perdues ou détruites. Le film fait alors l’objet de nombreux remontages et mutilations au fil du temps. Dans les années 1980, le film d’Abel Gance fascine les cinéastes Claude Lelouch et Francis Ford Coppola, comme le grand historien du muet Kevin Brownlow et Costa-Gavras, le Président de la Cinémathèque française. Il n’a plus jamais été présenté au public, dans sa version d’origine dite « Grande Version », depuis 1927.
C’est la première époque, d’une durée de 3h40, qui sera présentée en pré-ouverture du Festival de Cannes et en ouverture de Cannes Classics. Le film sera ensuite projeté dans son intégralité en ciné-concert symphonique exceptionnel, avec 250 musiciens de Radio France à la Seine Musicale à Paris les 4 et 5 juillet ainsi qu'au festival Radio France de Montpellier, puis à la Cinémathèque française et dans des festivals d’été. Il sortira ultérieurement dans les salles françaises et sera diffusé sur France Télévisions et sur Netflix. CQFD !