- près de Big Sur, photo © la vie en rose flamant - 

Parti de Los Angeles pour San-Francisco, le conducteur de la voiture qui m’avait pris m’a laissé au milieu de nulle part comme je lui avait demandé car j’avais l’intention de bivouaquer. Je devais me trouver pas très loin de Big Sur dans une partie de la « Number one » qui longe au plus prés l’océan. Sac à dos, je quittais la route et me dirigeait vers le rivage. Le soleil était déjà assez bas. Je trouvais une sorte de promontoire qui me cachait de la route, très peu fréquentée d’ailleurs. 

J’y installais mon campement qui consistait à étaler ma couverture et préparer un dîner frugal. La nuit arriva vite et les étoiles brillaient d’une lueur que le « vivre en ville » ne permettait plus d’apprécier. Allongé sur ma couche, je me laissais bercer par le bruit du ressac. Mes pensées voguaient au ralenti. Il y avait des visages, des paysages aussi. Je frissonnais. Le café, bien noir, me réchauffait un peu. Il y avait l’odeur humide et salée qui venait de la mer et des herbes foulées.

Au réveil, je fus ébloui par le spectacle. La nature était triomphante, entre un ciel d’un pur azur, une terre immobile teintée d’ocre et une mer mouvante qui dispensait des effluves iodées. Mon regard s’arrêta sur un rocher devenu presque blanc par les déjections des mouettes qui l’occupaient. À ses pieds, deux phoques se chamaillaient et plus loin un groupe de loutres. Certaines se laissaient laissaient flotter paresseusement, tandis que d’autres jouaient au milieu des algues. Leurs mouvements avaient la pureté, la justesse infaillible des choses naturelles, la grâce aussi. Un vol de pélicans passa, tout prés, lourdement, en rasant la surface l’eau. Il se dégageait de tout cela une harmonie apaisante. Plus haut dans le ciel, un rapace décrivait des cercles, bien plus haut encore un avion laissait sa trace. Le temps passa, indéterminé...