L’été 1973 à New York, New York…

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Catégorie Les paradoxales

En France, François Mitterrand est réélu premier secrétaire du PS, tandis que la Tour Montparnasse s’apprête à être inaugurée. Aux USA, les tours jumelles du World Trade Center se dressent fièrement, symboles de la domination américaine. A Washington l’affaire du Watergate déstabilise le parti républicain ; le président Nixon est aux abois. Le 15 août, arrêt définitif des bombardements des B52 au Cambodge. Au total, 550 000 tonnes de bombes ont été larguées sur le pays depuis 1969. Fin de l'intervention militaire américaine en Indochine. Moi, je suis à New York.



Cette année-là, New York City est toujours la capitale économique du monde capitaliste et ultra libéral. Aussi en passe de détrôner Paris pour ce qui d’être la capitale culturelle de l’Occident. Les hivers y sont froids, les tempêtes ne sont pas rares ; pas questions de traîner à l’ombre des gratte ciels dans les rues ventées… Il ne fait pas  bon d’y être pauvres ni même de faire partie des « lower-middle class ». Il vaut mieux d’être de ceux qui ont les moyens de passer chaque année quelques semaines au Sud ou d’aller faire du ski à Aspen. L’été n’est pas forcement un cadeau non plus, il est chaud, humide et peut être brûlant. J’en fais l’expérience. En congé et en week-end, on peut s’échapper de la fournaise et rejoindre les plages proches de Coney Island, Brighton Beach. Ce sont les plus connues, toutes les deux à Brookling. 

Je choisis plutôt d’aller sur celles de Long Island. Je me rends au ‘Port Autority Bus terminal’ près des Tours jumelles, au sud de Manhattan. Quarante minutes dans un bus. A l’aller, ce dernier n’est pas climatisé et l’on ne peut ouvrir les fenêtres ; les passagers sont majoritairement des afro-américains et des ‘petits blancs’, une expression que j’ai saisi lors d'un récent séjour à Haïti. Je descends, le tee-shirt mouillé, au premier arrêt, John Beach, pour découvrir des kilomètres de sable, d’un blanc éblouissant. Curieusement, alors que la plage est large de près d’une centaine de mètres, le public est agglutiné, lui, sur seulement 30 mètres, et se trouve à disons 5 mètres de la mer. Je comprend que c’est une question de température. Celle de la mer est « fraichouillette », et contribue à rendre de même une bande de sable. Aucun nageur ne s’aventure bien loin d'ailleurs ; à leur poste les life-guards sont visibles… Vient la zone tempérée où tout le monde veut poser son parasol et étaler sa serviette ; le reste de la largeur est vraiment torride et peu de personnes ne s’y installe, sinon pour rejoindre les douches gratuites et les quelques établissements de restauration légère et autres coffee-shop… 


Un autre jour, en plein cœur de l’été et en plein cœur de Manhattan, je tente l’expérience d’un après-midi piscine. Elle est publique et plutôt vétuste, pas vraiment engageante, surtout les vestiaires. Elle empeste le chlore. Quelque part, l’ambiance et le décor environnant me font penser à celles ressentis en visionnant ‘West side story’. C’est brut de décoffrage et je me sens bien vulnérable, tout petit. Beaucoup de bruit, d’éclaboussures, de ‘latinos’. On ne nage guère, on se pousse, on se toise, on se  défie…   

Reste que, pour découvrir New York de la plus agréable façon, le printemps, très court, et l’automne qui donne à Central Park des couleurs d’été indien… sont les saisons les plus appropriées.


- le chasseur de trésors...