Boris Taslitzky, un peintre « concerné » revenu de l’enfer...
« L’art en prise avec son temps », une exposition présentée à La Piscine de Roubaix du 19 mars au 29 mai 2022.
- Boris Taslitzky, Autoportrait au chevalet, 1925, collection privée -
À la fois témoin et acteur des grands bouleversements de son temps (guerre d’Espagne, Front Populaire, Résistance, déportation, combats anticolonialistes...), Boris Taslitzky (1911-2005) déclare que toute sa vie a été marquée par la guerre. Conscient de sa responsabilité d’homme et d’artiste, il se réclame de la grande tradition des peintres d’histoire, de David à Courbet en passant par Delacroix et Géricault, Goya et Daumier, et défend un « réalisme à contenu social » qui se doit moins de témoigner que de raconter l’histoire en train de se faire. En prise avec son temps, ce « romantique révolutionnaire » n’a jamais cessé de défendre l’utopie de jours meilleurs pour la classe ouvrière et nous livre un récit bouleversant et poignant d’humanité.
Présentant une cinquantaine de peintures, souvent monumentales, et de très nombreux dessins ainsi qu’une tapisserie, cette première exposition monographique d’envergure évoque surtout l’artiste engagé, ou concerné, à travers non seulement ses grandes compositions consacrées aux causes politiques de sa génération mais aussi ses autoportraits et portraits, ses paysages ou ses natures mortes. Le propos se concentre sur les œuvres des années 1930-1970 et s’articule autour de quelques séquences thématiques et chronologiques fortes, comme les dessins réalisés à Buchenwald en 1944-1945, les immenses tableaux inspirés à la Libération par les épreuves de la guerre (notamment La Pesée à Riom ou Le Petit camp), les représentations du travail industriel et des luttes syndicales à la fin des années 1940 (autour du célèbre portrait de groupe Les Délégués), les réactions à la guerre du Vietnam en 1951, le reportage réalisé en Algérie en 1952 ou encore la série de 63 dessins à l’encre qui fixent, de 1965 à 1972, les banlieues populaires du nord-est parisien en pleine mutation.
- Boris Taslitzky, Le petit camp à Buchenwald, 1945 © Centre Pompidou, MNAM-CCI -
Dans la salle de contextualisation historique, sur une idée de Pierre Buraglio, un contrepoint contemporain réunira quelques œuvres d’artistes (Pierre Buraglio mais aussi Claude Viallat, Ernest Pignon-Ernest et Najah Albukai) partageant des affinités esthétiques, thématiques ou idéologiques avec Boris Taslitzky.