Cannes. Michel Rolland, en route vers d’autres cieux…

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Même s’il était né en en 1946 à Saint Chamond, sa jeunesse fut essentiellement cannoise et il est resté très attaché à cette ville où il revenait souvent voir son frère cadet Georges et prenait plaisir à retrouver ses amis d’enfance.


- Au Judo Club de Cannes de Roméo Roméo Degioannini, rue Victor Cousin, 1956, Michel et Georges...


En 1954, les parents de Michel Rolland achètent « La Maison des Raviolis » dans la rue Meynadier et en font une adresse incontournable pendant une bonne trentaine d’années. Sa scolarité est « mouvementée ». Il se fait virer de Stanislas pour avoir fait passer un surveillant qui l’avait giflé à travers une porte. Il fréquentera presque toutes les écoles et lycées de Cannes, plus Don Bosco à Nice... Il a aimé son passage parmi les Scouts marins de Cannes. Sa forte carrure l’oriente vers l’athlétisme, l’haltérophilie, le rugby et le judo sous l’autorité de Roméo Degioannini. Rapidement ceinture noire, il participera avec son frère Georges (qui intégrera lui l’équipe de France cadet), à quelques tournois nationaux. Ce qui ne l’empêche pas de pratiquer avec bonheur la plongée sous-marine jusqu’à passer plus tard un diplôme de moniteur. Il pratiquera aussi avec un certain succès le moto-cross au Canada.

Le Bac en poche, l’appel du large l’attire. Il postule comme immigrant reçu pour l’Australie et le Canada. C’est le Québec qui répond le premier à sa demande. Il s’installe donc à Montréal en 1968. Pour subvenir à ses besoins il nettoie des cafétérias, vend des encyclopédies… De retour sur les bancs d’école, il décroche une licence qui lui permet d’enseigner le français à des élèves anglophones. Il se marie en 1970 à une Québécoise «pure laine», Isola, dont il aura deux filles, Élisabeth suivie de Catherine dont leur parcours professionnel le rendra si fier. 


- Michel Rolland, Montréal, rue Bressani, 1973.

Michel intègre la fonction publique canadienne en septembre 1974 pour enseigner le français à des fonctionnaires anglophones.  Il devient ensuite Agent des relations de travail, passe une maîtrise en Administration Publique, puis un doctorat aux États Unis. Parallèlement, il monte une société de conseil en gestion et donne des cours à l’Université d’Ottawa et à l’Université du Québec. De concours en concours, de promotion en promotion, il devient Gestionnaire général des Ressources humaines au Conseil National de la Recherche du Canada. 

En juin 1985, il entame une nouvelle carrière et part s’installer à Abidjan comme conseiller régional en ressources humaines pour l’Unicef. A ce titre, il se rend dans tous les pays d’Afrique ou presque. Beaucoup de satisfactions professionnelles, dira-t-il, mais quelques tirs essuyés au Tchad, en Angola et au Burkina Faso. Il est le témoin privilégié d’un continent en souffrance. En 1989, il déménage à Genève où il occupera un poste au Haut Commissariat pour les réfugiés. Beaucoup de frustration avouera-t-il, et ce, malgré quelques missions intéressantes en Somalie, au Soudan, en Éthiopie, en Érythrée et à Djibouti... Il se fait encore tirer dessus lors de l’évacuation de la Somalie en 1991…


- Michel, ses deux filles, à Otawa en 1967, sur le tatamis avec Pierre Elliott Trudeau ;
celui-ci devenait peu après le 1er ministre du Canada, un poste occupé aujourd’hui pas son fils Justin -


Il entre ensuite à l’Union Internationale des Télécommunications, toujours à Genève et atteint le grade non politique le plus élevé de la Fonction publique internationale. En 1998, il entame une énième vie avec Han, une jeune vietnamienne dont il aura une fille, Émilie. A la veille de la retraite, il  se fait enlever un poumon. A ce propos, je lui ferai avouer que, « s’il avait su qu’il devrait  passer par là, il aurait moins fumé… » Au relatif repos, il continuera à skier et à accompagner sa fille au judo… et à voyager. Dans la foulée, il se fait élire sur une liste municipale et se déplacera à Haïti pour une opération humanitaire.

« Cher Michel, ton parcours nous a tous impressionné. Il a quelque chose d’exemplaire. Tu nous a aussi prouvé qu’on n’a rien sans rien, sans travail, sans courage. Tu laisses derrière toi une famille éplorée et aimante. Je sais que tu t’en est allé faire la promotion de ta ville de cœur, Cannes, auprès de Saint Pierre et nous garder là-haut une place. Cher Michel, saches que tu as emporté avec toi, une partie de nos souvenirs d’enfance, de notre enfance tout court mais pas que. Avec toute mon amitié, désormais éternelle ! »



- Colonie de vacances de la ville de Cannes, Chalet Le Montagnard, Le Seignus d’Allos, Noël 1964 -