Les lingettes. Typiquement une fausse/bonne idée…
S’il est tout à fait légitime de chercher à inventer de nouveaux moyens d’améliorer la propreté de nos intérieurs et le confort de ceux qui s’en chargent, il faut encore vérifier que l’initiative prise n’est pas d’effets secondaires imprévus, incommodants et désagréables, au moins d’en annuler les bénéfices recherchés.
Pour les environnementalistes convaincus, il ne fait aucun doute que les lingettes, par définition à usage unique, sont devenues, de part la quantité utilisée, un véritable fléau pour la nature et pour notre système d’assainissement. Elles et les serviettes hygiéniques viennent régulièrement malmener les fosses septiques et les évacuations des eaux usées collectives. Au point que, dans certaines copropriétés, les entreprises de débouchage interviennent très régulièrement.
Nathalie Davoisne, du « Centre d’information sur l’eau », constate que l’usage des lingettes désinfectantes a explosé durant les différents confinements, démultipliant les nuisances. Ainsi, en mars 2020, les principales entreprises de l’eau estimaient que près des trois-quarts de leurs interventions de terrain concernaient le débouchage de canalisations d’eaux usées, à cause des lingettes. Un constat sans appel qui a poussé les autorités à légiférer. À compter du 1er janvier 2022, la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire dont l’objectif est d’atteindre en 2040 le zéro plastique jetable prévoit notamment l’interdiction de faire figurer les mentions biodégradable, respectueux de l’environnement ou toute forme de mention similaire sur les emballages.
En dépit de l’affichage des fabricants sur les emballages (cuvettes barrées) trop de lingettes sont encore jetées, par réflexe, dans les toilettes. C’est une erreur, car en dépit des mentions « biodégradables » elles ne se dissolvent pas comme du papier toilette. Résultat, elles provoquent des bouchons dans les canalisations et des pannes dans les stations d’épuration.
Par ailleurs, l’étude Zerowaste sur l’impact des produits à usage unique révèle que si elles sont pratiques, ces petits textiles contiennent du plastique et sont imprégnés de lotions qui, une fois jetés dans les WC engendrent des pollutions dans l’eau et l’air. C’est particulièrement le cas des lingettes à usage ménager qui contiennent des biocides.
Il conviendrait dont de changer nos habitudes en passant de la logique d’usage unique à celle du réemploi avec des produits réutilisables. Par exemple : une serpillière et des chiffons qui se lavent, plutôt que des lingettes jetables, car les entreprises subissant ces contraintes résistent et s’organisent en lobbies au niveau européen. Et ce qu’elles prévoient selon un rapport publié par Data Bride Market que le marché des lingettes devrait connaître une augmentation de plus de 6% ces prochaines années.
Si nous parlons préservation de l’environnement, nous pouvons rappeler que les lingettes jetables sont un des 10 produits à usage unique, à base de plastique, le plus fréquemment retrouvé dans l’environnement. Si nous parlons de faire des économies, nous pouvons rappeler que les lingettes génèrent 500 à 1000 millions d’€ de dégâts dans les stations d’épuration de l’Union Européenne… Prochain épisode : les masques jetables abandonnés dans l’espace publics et jetés dans les toilettes. CQFD !