La santé de la Méditerranée en question...

Selon l’Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, la Méditerranée présente aujourd’hui des signes de bonne santé car les acteurs du littoral et de la mer agissent pour lutter contre la pollution, acquérir des connaissances sur l’état des eaux, faire évoluer la réglementation sur les mouillages en zone côtière, restaurer les petits fonds côtiers dégradés…


- Cannes, la pression locale est aussi forte...

Les résultats d’une récente étude sur la perception de l’état de la Méditerranée par ses riverains directs montrent qu’ils placent la lutte contre la pollution comme priorité, suivie par la restauration de la biodiversité. En effet, 45 % des petits fonds côtiers sont encore menacés par les activités sur le littoral privant les jeunes poissons des habitats nécessaires à leur croissance. Ce sont également des priorités pour l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse qui a investi près de 70 M€ en 2020 pour la mer et le littoral méditerranéen.

La surveillance des eaux marines montre des eaux littorales plutôt en bon état, signe de progrès en matière de dépollution des eaux usées urbaines et industrielles. En 20 ans, la capacité de traitement des stations d’épuration a été multipliée par 10 et les collectivités sur le littoral sont désormais équipées de 250 systèmes d’assainissement. C’est 15 fois plus que dans les années 80. Aujourd’hui, 88 % des eaux côtières sont en bon état chimique et 84 % sont en bon état écologique. Quant aux eaux de baignade, elles sont conformes aux normes sanitaires pour 95 % d’entre elles.

Pour autant, la pollution par temps de pluie doit notamment être davantage maîtrisée car on estime à 11 % la part des apports de polluants à la mer par ces ruissellements. La « désimperméabilisation » des sols pour infiltrer l’eau là où elle tombe et, quand c’est nécessaire, la construction de bassins de stockage des eaux de pluie, se développent pour empêcher l’eau qui ruisselle de faire déborder les réseaux d’assainissement et d’entraîner les polluants vers la mer.

Environ 45 % des petits fonds côtiers sont encore menacés par les activités sur le littoral et les usages en mer. La bonne régulation de l’impact des navires de plaisance sur les habitats côtiers et plus particulièrement sur les herbiers de Posidonie est par exemple vitale sous peine de voir disparaître ce « poumon» de la mer. La Posidonie séquestre le carbone, produit de l’oxygène en grande quantité et abrite environ 20 % des espèces animales et végétales. En atténuant la houle, elle limite l’érosion du littoral.

On estime que 10 % de la surface des herbiers de posidonie a disparu ces 100 dernières années [à notre humble avis, c’est beaucoup plus]. En cause notamment, l’augmentation des loisirs maritimes et le mouillage des bateaux de plaisance dont les ancres et les chaînes raclent les fonds marins. La récente évolution de la réglementation encadrant le mouillage des bateaux de plus de 24 mètres marque une étape importante pour la protection de la Posidonie. Cependant, l’équipement du littoral en zones de mouillages légers grâce à des bouées d’ancrage reste à développer pour maîtriser l’impact des navires de petites à moyennes tailles.

Il ne suffit pas d’investir pour réduire les pollutions et éviter les dégradations du milieu marin, il faut également restaurer les fonds côtiers abîmés et la vie qui a disparu. Dans les ports, l’installation de nurseries artificielles permet ainsi aux jeunes poissons de retrouver une maison et un garde-manger. En mer, l’immersion de récifs artificiels et la restauration des habitats côtiers favorisent le retour à la vie marine. Aujourd’hui, 40 % des ports de notre littoral sont équipés d’habitats artificiels pour la protection des jeunes poissons et 30% des fonctions écologiques détruites par les aménagements portuaires ont été restaurées.

L’agence de l’eau cible tout particulièrement ses aides financières sur la lutte contre les apports par temps de pluie, la diminution de la pression de mouillage sur les habitats sensibles dont l’herbier de Posidonie, la restauration de la fonction nurserie dans les zones portuaires et la poursuite des travaux liés à la connaissance et à la surveillance des eaux côtières. En 2020, elle a soutenu plus de 1000 dossiers pour un montant d’aide de 69 millions d’euros.


- photo (c) AD -


[NDLR : félicitons nous de ce bilan, certes encourageant, mais nos observations personnelles depuis 70 ans, nous laissent à penser que si des progrès importants ont été faits - on se baignait souvent au milieu des rejets des égouts – le tourisme et les loisirs de masse ont tout compliqué… quant au dossier « plastique », ouvert il y a seulement 50 ans, c’est une véritable bombe à retardement pour les générations futures]