Paris. Ana Silva, d’Angola à Lisbonne… un art métissé.
Du 4 septembre au 30 octobre 2021, la galerie Magnin-A consacre la première exposition organisée en France à l'artiste angolaise Ana Silva. Un parcours intimiste et poétique où l’artiste interroge sa propre histoire, celle du « passage » entre sa grand-mère et sa fille. Une trentaine d’œuvres, pouvant aller jusqu’à 3 mètres d’envergure se déploieront à travers les espaces de la galerie.
- Tissu des années 60, dessin, broderie © Ana Silva Courtesy Galerie Magnin-A -
Née en 1979 à Calulo, Angola, Ana Silva manifestait enfant une grande appétence pour la création. Isolée à vingt kilomètres du premier village, dans la ferme où son père cultivait le café, elle lisait beaucoup et construisait, selon ses propres termes, des « choses bizarres ». Elle détournait des objets et découpait des chaussures pour en faire des installations sur les murs de la maison familiale, activités qui inquiéta son père au point qu'il la conduisit chez un psychologue. Celui-ci les rassura en confirmant qu'Ana Silva avait simplement une sensibilité artistique. Par la suite, elle étudia à l'école supérieure ArCo de Lisbonne. Elle pratique la peinture, la sculpture et l'installation.
Ana Silva brode, tire des fils, tisse des liens sensibles et invisibles entre son histoire personnelle et une histoire plus universelle. Lorsqu’on lui demande pourquoi a-t-elle choisi de s’exprimer à travers cette technique elle répond, naturellement, « Cet aspect est indissociable de mon expérience en Angola, à une époque où le matériel s’est raréfié, le rendant difficile d’accès. Il y a eu la guerre coloniale, puis la guerre civile… J’exprimais ma créativité en explorant ce qui existait autour de moi. C’est une expérience qui a énormément influencé mon œuvre et ma vie. ».
Lors de cette exposition « Portrait de famille » , le spectateur s'abandonne à la poésie de ces fils qui s'écoulent, à la subtilité de ce langage effiloché. Ses matériaux, Ana Silva les chine dans les marchés de Lunda. Elle détourne l'usage premier des sacs en plastique tissé ou autres napperons sur lesquels elle opère un véritable travail de mémoire. De ses diverses techniques (peinture, dessin, collage, oxydation du métal), elle retient la couture et associe la dentelle aux couleurs et aux tissus africains.
Les œuvres de l’exposition sont accompagnées d’un poème, indissociable de sa pratique artistique et offert aux spectateurs comme autant de clés lectures pour appréhender son travail.