Journée du Don d’organes…
L’autre mardi, c’était la journée nationale du don d'organes, une opération de sensibilisation nécessaire en cette année 2021, qui voit le nombre de greffes d'organes chuter de 25%. Une diminution dramatique, conséquence logique dû en grande partie aux confinements successifs suite à la Covid. Mais pas que.
- Photo © Pavol Podolay -
Par association d’idées, sinon de cause à effets, je me suis posé la question de l’influence des religions sur les choix faits par les individus d’agréer au principe de prélèvement sur leur personne et leurs proches. Les recherches de Riadh Ben Rejeb sur le sujet m’ont semblé pertinentes.
- Ainsi le Shintoïsme, religion antérieure au Bouddhisme et officielle au Japon jusqu’en 1945, le refus de l’idée de prélèvement et de don d’organes prédomine.
- Dans l’Hindouisme, l’idée de prélèvement, de don d’organes, d’ablation chirurgicale, de transfusion sanguine… toutes opérations qui mutilent le corps et empêchent les rites funéraires vont à l’encontre du principe essentiel, celui de garder le corps intact pour l’offrir aux divinités.
- Le Bouddhisme, répandu au Japon, en Inde et en Chine véhicule la croyance de la réincarnation, aux cycles de vie et de mort, avant d’atteindre le nirvana. Toute intervention sur un cadavre pourrait donc perturber le circuit de réincarnation d’où un refus clair et net de don et de prélèvement.
- Pour le Judaïsme, c’est moins simple. Il peut y avoir accord pour la transplantation entre personnes vivantes avec consentement mutuel. Aussi dans le cas de prélèvement après décès si le donneur a consenti de son vivant mais refus de notion de consentement tacite. Mais chez les pratiquants orthodoxes, le corps d’un mort doit être intègre. Pas question de mutiler un cadavre… sauf si une vie est menacée, ce qui laisse la place à l’interprétation et au rôle éventuel du rabbin.
- Le Christianisme semble plus accommodant. Les catholiques pourront par exemple se référer à l’Évangile selon Saint Luc : « Nous recevons notre suprême récompense de Dieu à la mesure du bien que nous avons montré à notre prochain ». Sous entendu, si je donne un de mes organes dans le but de sauver quelqu’un, cela est acceptable. Avec des nuances comme celle exprimée par le Pape Pie XII (1956) « Le don est permis s’il respecte la volonté exprimée ou présumée du défunt, s’il y a sauvegarde de la dignité du corps ». Le Pape Jean Paul II (2000) parle, lui, de « noblesse du don ». malgré ces tolérances, les prélèvements doivent respecter la volonté du défunt et des familles.
- Les Églises Protestantes, l’accord au principe de don d’organe, de prélèvement et de transplantation, doit simplement se faire avec respect du corps.
- Pour les Églises Orthodoxes, accord si la volonté du seul défunt a été clairement exprimée sinon refus, car le défunt doit parvenir à la mort avec un corps non mutilé.
- L’Islam. Il aura fallu 1982 pour que les lignes bougent, lorsque la Haute Commission religieuse a donné son accord en faveur de la greffe. Il faut avoir le consentement du donneur de son vivant, sinon l’accord de ses proches. Ceux qui acceptent la décision cette autorité peuvent faire référence à un article du Coran : « Celui qui aura tué un homme sans que celui-ci ait commis homicide, ou semé désordre sur terre, sera censé avoir tué l’humanité entière. Mais celui qui aura sauvé la vie d’un seul homme sera tenu pour le sauveur du genre humain. »
- il semble que les esprits doivent encore évoluer, les lois aussi qui devraient être plus permissives lorsqu’il s’agit de sauver des vies. Un premier pas avait été fait avec la collecte du sang en vue de transfusions salvatrices. Il s’agit là aussi d’un don. Si les premières transfusions sur des animaux remontent aux environs des années 1650, il faudra attendre 1900 pour mieux comprendre les incompatibilités entre les sangs humains et 1914 pour que soit réalisée avec succès la première transfusion. Concernant la collecte chaque pays a ses propres standards. En moyenne, en France, 500 000 personnes reçoivent chaque année une transfusion sanguine. En raison de leurs convictions personnelles ou religieuses, certaines personnes choisissent de renoncer aux transfusions sanguines. Notamment, les Témoins de Jéhovah qui refusent les transfusions de sang total ou de l'un de ses constituants majeurs, car ils considèrent ces pratiques comme contraires à certaines instructions... bibliques.