L’escalade. Un art de vivre avant d’être devenu, pour certains, un sport…
L’homme a toujours regardé les sommets avec appréhension, voire une certaine peur, peur de l’inconnu, peur d’y rencontrer quelques Dieux jaloux. Une peur légitime car le danger est terriblement présent et la prise de risque peu paraître insensée. En Europe, le symbole de cette conquête de l’inutile (il n’y aura aucun trésor à trouver, sinon symbolique) fut sans doute le Mont Blanc. Dans le Sud, les Calanques canalisèrent cet irrésistible envie de « grimper », de dominer sa peur. Entré au Club des excursionnistes marseillais, Gaston Rebuffat s’y illustra avant affronter les plus hauts sommets du monde.
Plusieurs générations d’escaladeurs se sont depuis succédé mais l’attrait pour les Calanques, la Sainte-Baume, ou la Sainte-Victoire, n’a pas faibli. Ils sont toujours les terrains de jeux que privilégient les gens du Sud. Grâce à eux, les techniques d’escalades et le matériel ont considérablement évolué. Bravo pour les premiers audacieux qui ouvrirent des voies en chaussant de simples espadrilles…
Bernard Gorgeon, né à Marseille en 1953, fait partie de ces petits... nouveaux qui se sont fait un nom dans le monde de la grimpe. Avec Patrick Edlinger, l'icône de toute une génération, et ses amis de l'époque, il a participé à l'élaboration d'une culture fondée sur la frugalité et l'anticonformisme, le goût de la liberté et du rocher. Son livre, « Une vie à grimper », rend compte de cet art de vivre buissonnier que nous découvrons au fil de ce récit, avec sa philosophie, ses valeurs, sa fraternité, cet esprit de cordée et d'amitié si particulier qui fait la beauté de l'escalade et de la montagne.
Bernard Gorgeon, qui vit à l’ombre des falaises du Verdon depuis une quarantaine d’années, livre ici avec sensibilité le récit d'une jeunesse remplie d'élan, les accidents de parcours comme des leçons de sagesse, la maturité, enfin, qui transforme la pratique et ouvre d'autres voies au cœur de l'être. Il relate avec humour la genèse de certaines voies devenues des classiques, les trouilles, les moments de joie et les fous rires qui fourmillent derrière un nom, un nombre de longueurs et une cotation.
- Avec une préface de Stéphanie Bodet, 315 pages abondamment illustrées - 19.95 €.