L’Isle-sur-la-Sorgue. « Les mers rêvent encore »...
Pour Chantal Colleu-Dumond, « Stéphane Guiran est un poète, qui sculpte ses rêves et magnifie les nôtres, avec une incroyable grâce, comme s’il avait le don, le pouvoir d’intercepter et de transmettre le merveilleux en suspens dans nos vies. Sensible à la fragilité et au mystère des choses, il possède la douceur et la délicatesse des sages. Tel un sourcier subtil, il ressent, sans chercher, ondes et vibrations émises par la nature ou par l’architecture et perçoit les fils invisibles qui animent les lieux... »
- Photos © Stéphane Guiran -
Le centre d’art Campredon à L’Isle-sur-la-Sorgue présente jusqu’au 31 décembre procahin, « Les mers rêvent encore », première exposition monographique de Stéphane Guiran dans une institution publique. L’artiste, révélé par son installation « Le nid des murmures » au Domaine de Chaumont-sur-Loire en 2017, expose principalement en Suisse avec sa galerie Alice Pauli, qui le représente depuis 2012. Il vit et travaille à Eygalières, proche d’une nature qui inspire ses créations.
« Les mers rêvent encore » est une recherche d’œuvre totale, rassemblant des écrits, des installations, des sculptures, des vidéos et des pièces sonores dont la plupart ont été créées par Stéphane Guiran pour que le centre d’art Campredon, les visiteurs et les œuvres ne fassent qu’un. En hommage à René Char, l’exposition est construite autour d’un récit poétique,édité par l’artiste sous la forme d’un livre. Le centre d’art Campredon est plongé dans la nuit, et le spectateur est invité à traverser des scènes du livre, qui sont autant de paysages imaginaires faits d’installations, de pièces sonores et de sculptures.
En nous plongeant dans la nuit, Stéphane Guiran nous interroge sur notre intériorité. Il nous place sans repères au milieu de cette dimension inconsciente qu’Henri Michaux appelait « l’espace du dedans ». Ses installations bousculent nos perceptions de l’espace, nos repères visuels et sensoriels, nous entraînant dans une expérience immersive qui touche nos émotions pour mieux nous relier à nous-mêmes. Cette création, en partie réalisée pendant la période de confinement, invite à une réflexion sur la transformation, tant de nous-mêmes que de nos habitudes de consommation.
« Les poussières d’ivoire », une de ses œuvres sur le thème du recyclage et de la transformation, est déclinée à la fois à Campredon et à la Fondation Villa Datris, dont le thème de cette année est Recyclage/Surcyclage. Cette installation rassemble 1000 touches d’ivoire de pianos récupérés avant qu’ils ne soient jetés en déchetterie, et une vidéo. La vidéo débute avec une lecture d’un extrait du livre par Tcheky Karyo et continue par une performance d’improvisation de Lilian Guiran sur un piano Erard 1884. La vidéo est projetée en superposition aux touches d’ivoire, donnant une impression de trompe-l’œil où les limites de l’espace sont incertaines.
* À l’occasion de l’exposition « Les mers rêvent encore » deux ouvrages sont publiés par la maison d’édition « Les heures brèves » : un recueil de textes poétiques et un catalogue-synopsis de l’exposition.