France : les droits de l'homme
finissent là où commence la vente des armes.
Qu'ils soient de droite ou de gauche, les gouvernements se félicitent du bilan de l'industrie française d'armement. Ils ont le bon ton de le faire avec une certaine discrétion… Malgré 3,81 milliards d'euros de recettes en 2005, les ventes sont en baisse de plus de 50 %. Mais qu'on se rassure, il faut relativiser ces chiffres. "Il ne faut pas accorder trop d'importance aux variations cycliques sur les livraisons, tout dépend de la durée des commandes", déclare le porte-parole du ministère de la Défense, Jean-François Bureau. L'Inde l'Australie, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis et l'Afrique du Sud sont nos principaux clients. Nos Mirages 2000 font, depuis 20 ans, un carton. Le porte-parole précise aussi que le chiffre des commandes est, lui, en augmentation. Qu'on se réjouisse dans les chaumières, les ventes d'armes ont encore de l'avenir…
Pour la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, hypothétique candidate à la présidentielle, notre politique d'exportation d'armements est "en parfaite conformité avec notre politique de maîtrise et de contrôle de la prolifération des armes dans le monde"… Car c'est bien entendu au nom du maintien de la paix et des équilibres mondiaux que ce commerce justifie son activité. Equilibres pourtant bien fragiles et soumis au fil des alliances à d'importantes fluctuations comme on a pu le voir au Moyen Orient et en Asie. Les Américains, en Afghanistan et en Irak, s'en mordent les doigts…
La France reste le troisième exportateur mondial d'armes avec un modeste 8% du marché, dépassée par la Grande-Bretagne, 12%, loin derrière les Etats-Unis qui, avec 60%, domine la scène. Des chiffres officiels mais qui ne reflètent pas forcément la réalité, la Russie par exemple ne fait guère de publicité sur ses performances. De son côté, l'Institut international de recherche pour la paix nous apprend que les dépenses militaires ont représenté 1 118 milliards de dollars en 2005, en progression de 3,4% par rapport à l'année précédente, les Etats-Unis représentant à eux seuls près de la moitié du total…Il est vrai qu'on s'en serait douter…
Les armes, de dissuasion ou pas, sont faites pour tuer. En vérité elles tuent même en temps de paix. Elles rapportent aussi de l'argent frais, des devises, on les échange contre des otages, du pétrole… On savait que l'argent n'avait pas d'odeur, les armes apparemment n'en n'ont pas davantage. En matière de Droits de l'homme, qui parmi les pays producteurs et exportateurs d'armes, a de leçons à donner ?
- mention : www.pariscotedazur.fr - octobre 2006 -