La Chine impose la Mondialisation… à l’insu de notre plein gré.
Alain Peyrefitte avait raison lorsque, dès le début des années soixante dix, il prédisait son accession au rang des plus grandes puissances économiques et son irrépressible soif de dominer le monde. Le présent valide son analyse et nous renvoie à notre naïveté judéo-chrétienne, à notre imprévoyance aussi. Nous nous sommes livrés mains et poings liés à cette entité qui ne fait pas dans le détail et qui ne manifeste guère d’état d’âme. Si depuis plusieurs décennies « La Chine s’est éveillée », nous nous sommes endormis sur nos lauriers, comme si notre position dominante était un du, comme s’il ne fallait pas chaque jour se remettre en cause.
- photo © Pierre D -
A notre édito du 12 mai dernier sur l’après coronavirus, certains n’ont pas manqué de réagir, les uns partageant nos réflexions, d’autres nous traitant de candides. Pour notre cousin québécois, l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, il y a retrouvé l’influence de Jean Giono, un auteur qui, depuis l'adolescence l’a marqué, lui faisant adopter comme devise de vie le titre de son roman, « Que ma joie demeure ». Il l’associe volontiers a un grand écologiste et scientifique québécois, Pierre Dansereau qui durant toute sa vie, a préconisé la notion d’austérité joyeuse. Cela, pour certains d'entre nous, n’est pas sans rappeler une des idées maîtresses de Pierre Rabhi, paysan et penseur d’origine algérienne : la sobriété heureuse.
Pour Pierre Bourque : « Il est normal de s’interroger sur l'après Covid 19 mais il faut encore attendre ce qui se passera durant les mois et l’année à venir pour mieux cerner les contours de la vie de demain. Une chose est sûre pour moi, c’est que toute réflexion devra intégrer la dimension Chine. Depuis 20 ans déjà, l’Occident lui a transféré la fabrication de ses médicaments et réactifs, de ses masques protecteurs et aujourd'hui, la Chine et la Chine seule peut alimenter l’Occident de ces produits essentiels pour combattre plus ou mois efficacement le virus.
De plus, la Chine, malgré ses failles de communication et surtout grâce à son régime autoritaire et fermé, a réussi à contrôler l'épidémie, et son ascendant politique et économique s’accroît partout dans le monde. Aujourd'hui et encore plus demain, l’Occident ne pourra évoluer et renaître sans la Chine. Par exemple, la France pourrait-elle continuer à prospérer économiquement si elle cessait de vendre ses produits de luxe et sa culture à la Chine et si elle refusait de développer son industrie touristique ? La France, comme tous les pays du monde, devra donc faire des compromis sur Hong-Kong, demain sur Taiwan comme sur les Droits humains au Xinjiang.
L’après Covid 19 ne pourra se faire sans la présence et l`influence de la Chine et cela que l`on soit d’accord ou non. Entre temps, l’Europe, tout comme les États-Unis, continueront à débattre, à s’affronter entre eux sans aucune synergie. »
Comme pour mieux illustrer ces derniers commentaires sur la mondialisation et l’OPA chinoise, les réseaux sociaux nous alertent sur quelques faits significatifs : les parfums Marionnaud ont été rachetés par un groupe hongkongais, le groupe Aoste par une entreprise chinoise… plus de 23 autres marques françaises sont passées sous contrôle de la Chine dont Salomon, le Club Med, Lanvin, le Louvre Hotel Group. On appréciera aussi les 12 % au capital d’Accor hotels par le groupe Jin Jiang international. Toujours coté hôtellerie, la Chine domine le marché. Pas moins de 5 des 15 premiers groupes hôteliers mondiaux sont aujourd’hui basés dans l’Empire du Milieu. À une exception près, tous ceux dont la croissance en nombre de chambres est à deux chiffres dans le top 20 sont... chinois (voir article).
La pandémie aura eu au moins le mérite de montrer nos faiblesses et de désigner assez clairement la problématique posée par la mondialisation, principalement par son acteur dominant, la Chine. La sagesse voudrait qu’on opère un recul prudent, progressif mais déterminé. Cela implique qu’on revoit nos accords bilatéraux et surtout qu’on remette en cause la toute puissante Organisation mondiale du Commerce qui, la preuve est faite, nous livre sans défense au plus grand des prédateurs qui soit ; ce n’est plus le Grand Satan américain mais son fils putatif qui s’est donné pour vocation « de tuer le père ».