Réveillon de la Saint Sylvestre :
accidents de la route liés à la consommation d’alcool...
« Avant de devenir l'avocat des victimes de la route, j'ai, durant de nombreuses années, milité au sein d'associations de préventions routières. Cet engagement, découlant directement du décès de ma mère en 1995, fauchée par un chauffard ivre alors qu'elle se promenait, m'aura permis de participer à la mise en place de mesures qui aujourd'hui constituent le socle de la prévention des jeunes. Parmi elles, la création de Sam, le conducteur désigné, label unique permettant dès 2005 de fédérer l'ensemble des initiatives individuelles sous une même bannière.
En 2002, le Président Chirac décrétait la sécurité routière grande cause nationale. Dans les mois qui suivirent, le gouvernement tout entier se consacrait à ce chantier prioritaire, travaillant à la rédaction d'une loi de lutte contre la violence routière qui sera approuvée le 12 juin 2003 mais également à la mise en place d'une grande politique en faveur de la prévention, notamment auprès des jeunes.
À l'époque, comme aujourd'hui, les jeunes représentaient 25 % des tués sur la route alors qu'ils ne constituaient que 11 % de la population française, l'alcool au volant demeurait le principal fléau avec près de 50 % des accidents mortels pour cette tranche d'âge. Les vendredis, les samedis soirs, étaient régulièrement le théâtre de drames humains à la sortie des discothèques, lorsque des jeunes alcoolisés reprenaient le volant. La situation était alors insupportable et trahissait un cruel manque d'implication de la part des professionnels de la nuit.
Certes, des initiatives individuelles existaient, telle l'instauration par l'Association Prévention Routière du Capitaine de soirée, ou encore de services de covoiturage par l'association Voiture & co. Pour ma part, vice-président de la fondation « Anne Cellier », je multipliais avec des jeunes bénévoles, les opérations en entrées et sorties de discothèques pour promouvoir le concept de « celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas ». Toutes ces initiatives étaient louables mais manquaient de visibilité de manière globale. Il était important qu'en France, comme en Belgique, le conducteur sobre trouve un nom, simple et ludique, asexué, qui permettrait à chaque jeune de s'identifier.
À l'initiative de Rémi Heitz, alors Délégué Interministériel à la Sécurité Routière, des réunions rassemblant les associations de jeunes et de préventions, l'agence de communication de la délégation interministérielle et des représentants des différents ministères, ont alors été organisées afin de réfléchir sur la création d'un label unique.
Dans un premier temps, un nom simple fut envisagé : JO. JO pouvait être un homme, pouvait être une femme, un jeune, un moins jeune. L'idée était séduisante mais dut être abandonnée en raison de la candidature de Paris pour les jeux olympiques et le risque de confusion. Il fallait donc repenser le nom. Très rapidement, SAM fut évoqué. Tout comme JO, SAM présentait l'avantage de la facilité d'identification auprès du jeune public. Une fois le nom trouvé, de grandes discussions sont apparues sur sa représentation. C'est alors qu'est née l'idée du smiley, aujourd'hui connu de tous.
À force de discussions, nous avons pu obtenir l'adhésion de l'ensemble des associations œuvrant dans ce domaine, et le fait qu'elles acceptent les unes et les autres d'abandonner leurs concepts propres et originels au profit de Sam.
SAM fut lancé en décembre 2005. C'est à cette occasion que nous avons alors distribué le 24 décembre, dans une dizaine de villes françaises, plus de 25 000 éthylotests autour du concept « choisissez un Sam et testez-le ».
Aujourd'hui, SAM est devenu une idée générique chez les jeunes, un concept parfaitement approprié, souvent même réflexe.
Avocat de victimes, j'avoue observer le succès de SAM avec une certaine fierté. Je me souviens de ces heures de travail, de ces réunions parfois assommantes, mais aussi de ces nuits passées dans les discothèques et soirées étudiantes de la France entière pour promouvoir le fait que ne pas vouloir prendre le volant n'était pas forcément être ringard. Je me souviens des efforts déployés pour convaincre la sécurité routière de collaborer sur la communication avec des associations de jeunes, d'y apporter les financements nécessaires et utiles. Je me souviens également des âpres discussions avec les professionnels de la nuit et leur syndicat.
Tout cela n'aura donc pas été vain, 15 ans après sa naissance, SAM est en passe de devenir majeur et parfaitement émancipé. Sa maturité dans les esprits est un succès. Bien sûr, SAM n'aura pas résolu l'ensemble des problèmes dus à l'alcool au volant. Il aura néanmoins, de manière incontestable, participé à la prise de conscience qu'il convenait de s'organiser avant de sortir. C'est déjà là un beau succès. »
Vincent Julé-Parade