L’archipel des Bahamas : une nature impitoyable…

Crédits:
textes par

Chapelet d’îles à fleur l’eau, les Bahamas sont sur la route des cyclones depuis, depuis très longtemps. Avec une régularité de métronome tempêtes tropicales, cyclones et ouragans s’y succèdent durant plusieurs mois chaque année, avec plus ou moins de violence. Cette année, et ce n’est pas fini, le bilan est lourd. Des dizaines de morts, des centaines de disparus, une nature ravagée hors de l'eau et sous l'eau.



- la partie nord de l'archipel -


Pour ceux qui connaissent les Bahamas, ne serait-ce qu’à travers des documentaires, cela représente un coin de paradis. Pour y avoir passé plusieurs mois en 1977, je confirme. Navigant d’île en île, sur un voilier de 13 mètres, j’ai pu mesurer la richesse de la biodiversité sous-marine, la beauté de ses plages de sable rose et la sauvagerie des lieux. Bien sûr, bien des choses ont changé depuis. Le Club Med y a mis le pied, d’abord sur Paradise Island puis sur l’île de San Salvador. Dopé par le tourisme, ce petit État sans autre ressource que le tourisme si l'on fait abstraction de son statut fiscal qui fait de sa capitale Nassau, une plateforme internationale de la finance et du blanchiment d'argent... , a vu sa population atteindre les 400 000 (la moitié résidant dans la capitale). Les immigrés haïtiens et leurs descendants en constituent 25 %. Nous avions d’ailleurs eu l’occasion de voir l’arrivée de migrants en provenance d’Haïti débarquer dans une île au sud de l’archipel.



- Rose island -


Question paradis, la question ne se pose pas. Yachtmen, scuba divers, plongeurs, pêcheurs au gros ou au petit, amateurs de transat, de cuisine créole, y trouvent leur compte. Même si la pêche industrielle y a fait des ravages, la faune marine est d’une grande variété et, les côtes à l’abri des vagues de l’Atlantique et les hauts fonds, permettent à tous d’en prendre plein les yeux. Omniprésent, l’inquiétant barracuda est inoffensif, les requins dormeurs aussi. De nombreuses espèces de mérou (grouper) se croisent et se recroisent. Langoustes, crabes, tortues, poissons multicolores font notre joie. Les conques et autres coquillages sont de toute beauté et d’une grande diversité de couleurs, de formes et de tailles…



- migrants haïtiens -


Mais voilà, Adam a mangé la pomme et désormais, les tempêtes viennent chaque saison nous le rappeler. Le paradis n’existe pas sur terre et la perspective qu’il existe peut-être au ciel, ne nous console pas… D’ailleurs, dans cet ordre d’idée, la rencontre sur plusieurs îles de pêcheurs locaux qui venaient vers nous pour quémander des boîtes de conserves et des bouteilles d’eau prouvent que la prospérité est mal partagée, entre le paradis fiscal de Nassau et la population pauvre de certains îlots isolés, il y a tout un monde… Ils nous apprirent aussi les ravages de la pêche industrielle qui a fortement entamer les ressources en langoustes, crabes, poissons, crustacés, au point que les autorités réglementent maintenant avec fermeté les prises. Ainsi, un plaisancier surpris à pêcher en bouteilles de plongée, verrait illico son bateau saisi. Autre information édifiante, l’achat sur certaines petites îles par des Américains de la terre arable, pour enrichir chez eux leurs plantations d’ananas...