Vive le travail !
Un billet d’humeur signé par Gérard Charlier de Vrainville et publié sur le magazine papier Paris Côte d’Azur, en 2002. Comme beaucoup de textes de ce genre, pour l’essentiel, il est toujours d’actualité.
« Oh ! Le bon temps que ce siècle de fer ! » disait Edgar Poe.
A
l'aube d'un nouveau millénaire, essayons d'observer de manière
rétrospective nos activités. De la Belle Époque aux Années
Folles, nos professions éclairaient la société française comme un
soleil incandescent. L'entre deux guerres et les années 60 furent
une sorte de crépuscule triomphant, laissant toutefois poindre les
stigmates d'un nouveau symptôme égalitaire : la société de l’État
Providence.
Nos
parents étaient issus de la société du mérite. Nous, les enfants,
devions vivre avec le virus de l'arasement des inégalités sociales,
culturelles, professionnelles et surtout intellectuelles.
Rapidement,
nous sommes devenus les empêcheurs de tourner en rond, nous qui
voulions plus de travail, plus de responsabilités, plus de liberté
et surtout pas de moule. Nous étions déguisés en boucs émissaires
parfaits, dirent les grands prêtres de l'ENA.
Nul besoin de nous intégrer au politiquement correct, pas de nécessité de « préservatif sémantique » cher à Michel Déon, pour parler des travailleurs indépendants, mais plutôt formulaires administratifs, régime obligatoire, fiscalité particulière, contrôles rigoureux, quotas stricts ! Alors, petit à petit, notre astre comme notre ambition s'est éteint. Que peut donc maintenant nous réserver l'avenir ?
Même si José Bové, nouvelle icône médiatique, censé représenter la France profonde, nous décrit la mondialisation comme « une horreur économique », cette libération doit être un espoir. L'ouverture favorise toujours le travail, l'intelligence, la volonté et la responsabilité, face à la fermeture d'un système administratif et bureaucratique. C'est donc à nous de démontrer notre capacité d'adaptation pour rebondir avec une nouvelle ambition.
Agissons
à partir de nos valeurs originales et indépendantes pour trouver
une niche dans ce nouveau monde, à défaut de reprendre notre place
parmi les soleils du siècle. Le travail est le placement sûr, plus
sûr que l'assistanat, même habillé de solidarité.
Me Gérard Charlier de Vrainville