Brigitte Aubert : polar passion…

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Catégorie Les Arts au soleil

Article publié dans le magazine papier Paris Côte d’Azur en octobre 2001. Insatiable, Brigitte Aubert continue à écrire romans policiers, recueils de nouvelles, romans pour la jeunesse.



- Brigitte Aubert -


Polar passion, comme un titre de roman noir ! Brigitte a eu très tôt le besoin quasi viscéral d’écrire. Elle a publié 13 policiers et deux romans pour enfants, pas mal de nouvelles, certaines pour la radio, au rythme de un à deux ouvrages par an. Nous avons posé, à bâton rompu, quelques questions à cette cannoise pure laine comme disent nos cousins du Québec.


Comment devient-on auteur de roman noir ?


- Spontanément. J’ai eu très tôt le goût d’écrire. Vers 10, douze ans j’ai composé de petites nouvelles, des poèmes. Mes parents les ont lus et m’ont encouragé. C’était parti. Au Lycée j’ai choisi Lettres.


Pourquoi ce choix du roman noir plutôt que la littérature, celle qu’on écrit avec une majuscule ?


- Pas de télévision à la maison ! J’ai toujours beaucoup lu. Et beaucoup d’Agatha Christie, de Simenon, plus tard des américains comme Elroy. C’est de façon naturelle que je me suis dirigée vers ce type de littérature. S’il reste un fossé entre ce genre et la Littérature, il a tendance à s’estomper. Bien qu’il soit remarquable de noter qu’aucun polar n’apparaît aux palmarès des grands prix d’automne parisiens... Cette distinction n’existe pas en Amérique, ni en Espagne. Tous les genres sont placés sur le même plan et c’est très bien aussi. La majuscule au mot littérature ? Lire ne doit pas être une punition ! J’aime écrire des histoires. Je parle de la vie de tous les jours, de la mort, de ce qui animent les gens.


Votre famille dirigeait plusieurs cinémas à Cannes ? On peut supposer que vous passiez, dès votre plus jeune âge, beaucoup de temps dans les salles obscures ?


- La programmation était moins riche qu’à l’heure actuelle et les films restaient plus longtemps à l’affiche. Je les voyais au rythme de deux par semaine pour, au Lycée, passer à la vitesse supérieure, la télé me permettant d’arriver à « un grand film » tous les soirs, sinon deux…


Imprégné de culture cinématographique, le métier de scénariste ne vous a pas tenté ?


- Je préfère travailler seule, être la seule responsable. C’est au réalisateur de s’approprier mon texte, d’en faire sa propre créature. Ce qui n’empêche pas d’être attentive aux passerelles qui existent entre le livre, le cinéma et la télévision. Les droits d’adaptation de la plupart de mes livres ont été acheté. Et je suis satisfaite du travail qui a été fait à partir de mon livre « Transfixions » par Francis Girod. Intitulé « Mauvais Genres », il a permis à Robinson Stevenin qui joue le rôle bouleversant d’un travesti, d’affirmer ses talents d’acteurs de façon très convaincante.


Votre côté cinévore et papivore indique-t-il que votre personnalité est résolument introvertie, que vous passer votre temps à l’intérieur, à rêver et à écrire ?


- Pas du tout. J’ai eu une enfance normale, avec des amis et pleins d’activités à l’extérieur. La pire punition reste pour moi d’être enfermé, de ne pas voir le ciel, de ne pas pouvoir marcher, le nez au vent, libre.


Vous êtes une fidèle du Festival du Livre de Mouans-Sartoux. Que pensez-vous des Salons et des Festivals ?


- Ils sont salutaires. J’y participe souvent. C’est l’occasion de visiter la France et d’autres pays, de rompre l’isolement de l’écrivain, de rencontrer ses lecteurs - les amis lisent différemment - et pas simplement des éditeurs. De tisser des liens avec d’autres auteurs, parfois de mettre en route des amitiés. Celui de Mouans-Sartoux est incontestablement un grand salon. Bien organisé, sur un lieu agréable, les auteurs y sont très bien traités. Un public - 25 à 30 000 personnes, ce n’est pas rien - très motivé, qui ne rechigne pas à payer son entrée quand tant d’autres festivals sont gratuits…


Comment nourrissez-vous votre imaginaire ?


- Les faits divers, les voyages. Je suis sensible aux lieux, aux lumières. Je vois le film se dérouler devant mes yeux.


Des romanciers et des scénaristes avaient imaginer, à quelques détails près, les événements qui viennent de secouer l’Amérique…


- On peut tout imaginer et tout peut arriver. Le romancier est le témoin de cet imaginaire, des fantasmes les plus fous de l’homme. Rappelons-nous les films de James Bond, ils mettaient déjà en scène des attentats terroristes… qui se terminaient bien.


L’auteur n’a-t-il pas malgré tout une responsabilité à les livrer ainsi à ses lecteurs ?


- Faire l’apologie de la violence peut certes avoir des conséquences fâcheuses sur des esprits faibles. On peut remarquer néanmoins que beaucoup de romans se terminent par le triomphe de la justice. On trouve le coupable et il est puni.


Comment partagez-vous votre temps ?


- Il me faut mes deux heures quotidiennes d’écriture auxquelles s’ajoutent un travail à mi-temps dans le cinéma et de longues marches le long du bord de mer ou en montagne.