Chocolat : une industrie pas toujours à la fête…
Cet aliment qui ne traversa les océans qu’après la conquête de l’Amérique du sud par les conquistador fut longtemps un produit rare, considéré d’abord chez nous par un médicament et... hors de prix. Le développement de l’industrie liée au cacao suivit celle de la révolution industrielle tandis que l’extension de sa culture se faisait principalement en Afrique et en Asie du sud-est.
- Rois mayas buvant
du chocolat -
La consommation du chocolat a pris au fil de ces dernières décennies des proportions phénoménales. Elle est devenue l’enjeu d’un marché économique de première importance. Comme souvent, elle s’est faite au détriment de l’aspect social et environnemental. Ainsi, France Nature Environnement, associée à l’ONG Mighty Earth, nous alertent sur les conséquences de la culture du cacaoyer en Afrique de l’Ouest d’où proviennent les trois quarts de la production mondiale de cacao.
Pour répondre à la demande croissante en chocolat, des forêts tropicales y sont rasées afin de planter de nouvelles cultures de cacaoyers. En Côte d’Ivoire par exemple, alors que les forêts recouvraient une bonne part du pays en 1960, elles occupent aujourd’hui moins de 11% du territoire. L’impact de cette déforestation massive sur le climat et la faune sauvage est désastreux. Chimpanzés, éléphants, écureuils volants, léopards et toute une myriade d'espèces animales et végétales habitent ces forêts tropicales sont menacés de disparition.
Le bilan social n’est guère plus réjouissant. En Afrique de l’Ouest, les cultivateurs de cacao gagnent moins d’1$ par jour, 54 centimes en Côte d’Ivoire. Ils ne perçoivent que 6% de la valeur d'une barre chocolatée. Le secteur du chocolat est également connu pour ses violations régulières du droit du travail. L'esclavage et le travail des enfants n'y sont pas rares. Plus de 2 millions d’enfants travailleraient dans la dangereuse et pénible récolte de cacao rien que dans cette région du globe. Comble du paradoxe, ces enfants, comme la plupart des cultivateurs de cacao, n’ont jamais goûté au chocolat.
À l'autre bout de la chaîne, les distributeurs perçoivent plus d’un tiers du prix d'une tablette de chocolat… Ils ont donc le pouvoir et la responsabilité de faire évoluer les pratiques en augmentant leurs exigences sur les conditions de production du chocolat. Depuis le vote de la loi sur le devoir de vigilance, les distributeurs et autres groupes de plus de 10 000 employés sont même tenus de présenter un plan présentant les mesures prises pour identifier et prévenir les atteintes graves aux droits humains et à l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement.
Pour qu’ils se saisissent enfin du problème, France Nature Environnement s’est associée à l’ONG Mighty Earth pour demander aux plus gros distributeurs français de s’engager dans la lutte contre la déforestation et le travail des enfants. Certains semblent motivés pour faire évoluer les pratiques, d’autres restent à la traîne comme le distributeur « Système U ». Dans l’attente de résultats probants, le consommateur est invité à privilégier le chocolat éthique, provenant de marques engagées. C’est une des seules armes à sa disposition...