À quoi sert le bac ?
C’est la question posée par Jean-Pierre Lehnisch, Docteur d’État en droit, Licencié en sociologie, Expert en Enseignement à Distance. La question est provocatrice à souhait à une époque où la réponse réflexe est le plus souvent : « à rien ! ». Pourtant pour cet expert, le bac garde une valeur importante dans notre société :
- Lycée Carnot, circa 1900 -
Du
latin baccalarius (jeune homme) et bacca lauri (haie de laurier), le
baccalauréat est défini par les dictionnaires comme « le
premier des grades universitaires sanctionné par un diplôme qui
marque le terme des études secondaires ».
Voilà qui en dit long sur l'état d'esprit de ses créateurs. De
fait, ce diplôme conserve une certaine valeur.
Cinq
raisons l'expliquent :
1) il
représente toujours un programme
de culture générale intéressant
et même indispensable. Bien souvent, c'est un socle que l'on garde
toute sa vie. Même si l'on continue des étapes supérieures, on n'a
plus l'occasion d'élargir ses connaissances dans des secteurs aussi
variés que l'histoire, la géographie, la littérature, les
sciences, etc. Cela donne une base culturelle
indéniable.
2) L'obtention
démontre, de la part des récipiendaires, une capacité
à apprendre et à retenir. Est-il
si évident d'ingurgiter 5, 6, 7 livres entiers ? Vous diplômés
d'enseignement supérieur, vous titulaires de doctorats, vous chefs
d'entreprises reconnus avez-vous essayé de traiter les sujets qui
sont donnés chaque année pour le bac ? Non, les sujets ne sont
pas plus faciles que jadis, passé que l'on embellit à
souhait !
3) Ce
diplôme démontre également de la part des titulaires, une
capacité à s'organiser,
à accepter des sacrifices de sorties que l'on s'interdit surtout
dans les derniers mois de cette année terminale. Il prouve également
une capacité à réfléchir (essayer de traiter les sujets de
philosophie, quelle que soit la filière choisie…), à structurer
sa pensée, à faire une plan, etc. Autant d'actions très utiles
lors des études supérieures et durant sa vie
professionnelle.
4) C'est
un curseur pour bien des orientations. L'entrée à l'université, la
préparation aux concours administratifs, aux examens d'entrée dans
les écoles spécialisées exigent l'obtention au préalable du bac.
C'est dire combien cette étape est importante.
5) Bien
sûr, l'on cite volontiers tel ou tel personnage public ou privé qui
a bien réussi dans la vie professionnelle et qui pourtant ne peut
pas exhiber ce diplôme ! L'on passe sous silence que ces dites
personnes conservent un regret de ne pas avoir eu le bac ! C'est
un sentiment de frustration à vie. Et ce même si leurs
connaissances autodidactes sont énormes. Ce diplôme reste une
valeur de référence. La fracture universitaire passe par le bac :
il y a ceux qui ont ce diplôme et les autres. C'est un fait qu'il
est inutile de combattre.
Chaque année, le
bien-fondé de ce diplôme est posé. A quoi sert-il ? Ne
peut-on pas s'en passer ? Est-il dévalorisé ? Est-il
« distribué » allègrement à tout le monde ? Ne
faut-il pas le modifier ? Voire le supprimer ?
Ce
1er diplôme résiste toujours à toutes ces questions ! Et
c'est tant mieux. Il suffit de constater les explosions de joie des
candidats qui découvrent leur nom sur les listes des heureux élus
affichées aux portes des établissements scolaires pour se
convaincre du bien-fondé de cet examen, signe d'appartenance à
cette grande famille des bacheliers.
Même s'ils
sont 80% à le réussir, le suspense reste à son comble car il y a
toujours un risque, un péril à ne pas l'obtenir, vis-à-vis de soi,
de son environnement familial et amical.
NDLR : le suspense reste relatif car ce diplôme fut longtemps réservé à un petit nombre d’élèves. Seul en effet arrivaient en terminale les bons élèves et leur taux de réussite à l’examen était bien loin d’atteindre les 80 %. Mais le diplôme en poche, les chances d’effectuer avec succès des études supérieures était quasiment garanties. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. On est passé à des pré-requis très exigeants à des standards bradés. Le bac pour tous avant l’université pour tous, la maîtrise pour tous et allons-y, pourquoi pas le doctorat pour tous… Reste alors le bac comme passage initiatique ?
- Lycée Carnot 1954/55 -