Conte de Noël… compte aussi.
Il était une fois un président de la République française qui avait un important déplacement à faire. Dans le cadre de ses missions régaliennes, on l’aura compris.
Plutôt que de prendre un moyen de transport ordinaire où il eut pu rencontrer des citoyens ordinaires vaguant à leurs occupations ordinaires (travail, loisirs…), trouvant aussi le Falcon trop solennel et un rien inconfortable, il se fit transporter par un Airbus, plus spacieux et nettement plus digne de son rang, permettant dans la foulée d’amener avec lui sa cour, suivie par les dignes représentants des médias agréés. Détail qui a son importance, il n’y avait pas de rampe de débarquement dans cet aéroport de taille modeste. Il fallu donc en faire venir une par convoi exceptionnel.
Pour le recevoir et assurer sa sécurité, rien n’avait été négligé. Plus de mille gendarmes avaient été réquisitionnés montant la garde 24/24 heures à l'aérodrome. Pour se rendre plus vite à son lieu de rendez-vous, la voie rapide sur laquelle sa voiture allait circuler fut coupée dans les deux sens pendant 30 minutes. Sur le trajet, et pour renforcer la sécurité, une soixante de voitures furent mises à la fourrière. Elles représentaient bien sûr un danger potentiel.
Pour palier à tout contre-temps, un hélico Puma fut tenu à disposition avec un hélico Gazelle en appui... Arrivé en fin de matinée sous bonne escorte et force sirènes et après avoir visité une école, sifflé un verre de mousseux, grignoté une dizaine de canapés inconsistants et rencontré quelques notables, notre Président repartit vers 14 heures. Notons au passage que 3000 personnes avaient été invitées à partager ces... agapes. Un honneur !
Une indiscrétion d’un des responsables locaux de la logistique osa évoquer en off la pression subie par les forces de l’ordre lors de ce genre de déplacement officiel. Le moindre sifflet, le moindre tag, la moindre banderole hostile, déclenchant systématiquement l’ire des autorités supérieures, préfet en tête…
Quel est donc ce président... idéalisé et digne de notre histoire de France, une Histoire où les plus hauts représentants de l’État républicain jouissent de privilèges que ne renieraient pas nos princes et nos rois ?
Il y a plusieurs réponses possibles :
- Giscard d’Estaing ?
- François Mitterrand ?
- Jacques Chirac ?
- Nicolas Sarkozy ?
- François Hollande ?
- tous les présidents précédemment cités ?
- aucun d’eux ?
On pourrait développer ce même scénario en ce qui concerne les us et coutumes qui ont cours dans notre République et qui concerne toutes nos structures : ministères, conseils régionaux et départementaux, les communes des grandes villes et maintenant les intercommunalités d’importance… Mais, à l’approche des fêtes de fin d’année le... conte/compte risque de devenir alors un cauchemar.