Côte d’Azur : le tout autoroutier
va la « tuer » !
Où les décideurs politiques n’ont rien vu venir ou ils n’ont rien voulu faire. Dans les deux cas, cette vision ou son absence sont dommageables aussi bien pour l’économie de la région basée sur le tourisme que pour l’écologie (dépense d’énergie fossile, pollution...). Pour les habitants des Alpes-Maritimes et même de l’Est du Var, c’est une lente dégradation de la qualité de leur vie qui s’impose à eux et qui a un coût exorbitant pour leur santé et atteint leur moral car d'alternatives, ils n'en voient guère... Suite au match de rugby qui s’est déroulé à Nice, dans le splendide stade Allianz, Jean-Marie Tarragoni, écrivait sur son site FaceBook, un billet d’humeur :
- le rail comme alternative ?
encore faudrait-il que les trains partent à l'heure
et qu'il y en ait suffisamment...
« Ce qui s'est passé hier lors du Match Toulon-Clermont à Nice ne sont pas les prémices de l'avenir de cette ville. Dans moins de 3 ans, Nice connaîtra les thromboses géantes à répétition des voies de circulation dans les deux axes nord-sud et est-ouest. Alors que jusqu'à présent elle n'était confrontée qu'à des blocages est-ouest.
L'entêtement de vouloir concentrer sur 200 mètres de large sur le bord de mer quatre grandes voies nationales de roulement depuis des décennies et de répondre à cette problématique par un scénario identique dans la plaine du Var, va pérenniser l'asphyxie de la Ville. Depuis des années, on sait que cela se produira immanquablement. Mais on persiste dans l'erreur. Voilà ce qu'on pouvait lire dans un rapport de la DDE d'octobre 2005 : Le diagnostic réalisé prouve que l'A8 ne peut plus absorber de trafic entre Antibes et Nice-est.
Cela va se traduire, entre autres choses, par un accroissement du nombre et de la longueur des bouchons, par une paralysie géante de la bande côtière en cas d'accident majeur sur l'autoroute, par un accroissement des pertes économiques pour la collectivité du fait des pertes de temps dans les transports... »
Jean-Marie Tarragoni poursuit :
« Et encore, il ne pleuvait pas, il n'y avait pas de concert à Nikaia et Ikea n'est pas encore là... Le diagnostic de 2005 est très clair. La saturation totale du réseau niçois est prévue pour... 2015 ! Dans un peu plus d'un an ! Contrairement à ce que l'on peut lire dans la presse, la circulation automobile augmente de 5% l'an. Cent mille véhicules/jour sur la Promenade des Anglais, qui va devenir un étrangloir, au quai des États-Unis avec le rétrécissement prévu. Le taux de tués sur l'A8 était deux fois plus élevé en 2005 qu'en... 1988 ! Le taux d'accident est 2,5 fois plus élevé que la moyenne nationale. ! Cela pour l'aspect dramatique.
D'un
point de vue qualité de vie on constate 5000 habitants en moins à Nice entre
2006 et 2010 ! Qui part ? Les Jeunes. Les 15-29 ans sont deux fois moins
nombreux à Nice qu'à... Toulouse ! Qui reste ? Les vieux. Nice, grande ville la
plus âgée de France. Qui part encore... les femmes jeunes et actives ! Eh oui
messieurs les Niçois. Les femmes nées entre 1969 et 1984 sont moins nombreuses
à Nice que les mâles nés à la même période. Près de 3% en moins. Pour
synthétiser Nice perd ses jeunes, ses femmes, et gagne en bouchons automobiles
depuis des années et le pire arrive. » CQFDire !
NDLR : la région cannoise est-elle mieux lotie ? Que nenni ! Malgré une superficie moindre par rapport à celle de Nice, elle concentre les embûches et là encore, rien n’annonce une amélioration certaine de la situation. Car le BHNS (bus à haut niveau de service) ne résoudra pas tout. On ne saura d’ailleurs qu’à l’usage si véritablement il fluidifie la circulation, si les Cannois et leurs voisins utiliseront les parkings de délestage (où seront-ils, quand fonctionneront-ils ?). Ce qui va tout compliquer, ce sont les projets qui s’accumulent et qui vont densifier la population, sur la Bocca essentiellement et la vallée de la Siagne. La récupération de vastes superficies (SNCF, ZI...) déclenchera des projets immobiliers gigantesques, la construction de logements, de services publics et de commerces de grande et moyenne surface. Avec comme toujours la grande et unique justification, la croissance économique sensée apporter la prospérité (qui ose évoquer la qualité de vie ?). Pourquoi pas après tout ! Encore qu’il ne faille pas mettre la charrue avant les bœufs, les constructions avant les voies d’accès et leur gestion crédible dans le temps.
Ce qui manque, c’est une véritable « viabilité » et sur ce point, nos édiles, nos CG, et autres décideurs économiques pèchent par omission... Nous ne dirons mot sur les pressions que certains subissent, à l’insu de leur plein gré, et qui les poussent souvent à accélérer... droit dans le mur.