Cannes : la commission d’investiture de l’UMP
évite de trancher dans... le vif.
La décision des instances décisionnelles de l’UMP de ne pas départager les deux candidats en présence à Cannes, donne matière à commentaires. Philippe Buerch, acteur attentif de la vie locale et président de l’association Agir, apporte ici sa contribution.
Philippe Buerch
« Que l’on ne s’y méprenne pas. La décision de l’UMP, concernant l’investiture de Cannes, va bien au-delà de la volonté de remettre à plat un affrontement entre deux candidats pouvant légitimement se prévaloir du soutien de l’UMP. Il y a encore quelques semaines, les donnés nationales n’étaient pas les mêmes. L’ancien Président de la République était toujours inquiété par l’affaire Bettencourt et François Fillon s’inscrivait sur l’échiquier politique comme le candidat naturel de l’UMP. Mais le paysage politique a été bouleversé en quelques semaines. L’ancien Président de la République a vu s’éclaircir ses affaires judiciaires et sa récente relaxe dans le dossier Bettancourt ouvre, de nouveau, son horizon politique.
Dans le même temps, l’ancien Premier Ministre dont nul ne conteste la légitimité à vouloir être candidat à l’élection présidentielle, commet, « coup sur coup » trois erreurs majeures qui ternissent, à n’en pas douter, son image. La première, pour justifier de sa candidature aux primaires de l’UMP, est de privilégier un affrontement direct avec celui qui a fait de lui, durant 5 ans, le Premier Ministre de la France, sans jamais lui retirer sa confiance. Après tout, François Fillon a, aux yeux des militants, été un bon Premier Ministre, loyal et sérieux. Il n’est donc pas illégitime que ce dernier puisse prétendre à la fonction suprême. De là, à le faire, sur une opposition personnelle et frontale avec l’ancien chef de l’Etat, la ligne jaune a été franchie. En avoir fait une affaire de personnes, avant que d’animer un courant d’idées novateur est une erreur de taille, qualifiée par certains de haute trahison.
La deuxième erreur est d’avoir voulu « flirter » avec le Front National, pour des raisons de pure stratégie politique, à défaut de convictions personnelles. L’UMP ne reprendra pas le leadership de la droite en entretenant la confusion sur des possibles alliances avec le Front National. François Fillon a toujours été plus centriste qu’à droite et ce revirement soudain n’a pas manqué de surprendre ceux qui voyait en lui le candidat capable de rassembler à droite et au centre et d’opérer la synthèse. Ses clarifications a posteriori ne suffisent pas à dissiper le doute chez les militants. L’UMP doit écouter attentivement le message des électeurs qui s’orientent vers le vote FN, répondre au plus près de leurs préoccupations, mais, au nom de l’intérêt économique et européen de la France, ne jamais faire alliance avec un parti extrême.
La troisième erreur est de se concentrer sur l’élection de 2017 (on parle ici d’une échéance à 4 ans !) alors même que les électeurs de droite attendent un projet et une alternative pour les toutes prochaines échéances de mars 2014 et un projet global qui mette fin à la politique socialiste si néfaste à l’économie française et l’image de la France dans le monde.
De ce qui précède, il est désormais clair qu’au-delà de l’affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé, c’est celui qui oppose l’ancien Chef de l’Etat à François Fillon qui pose problème. À Cannes aussi, cet affrontement entre les soutiens de François Fillon et ceux de Nicolas Sarkozy a cristallisé les forces en présence. Si le Président du Conseil Général Eric Ciotti a cherché à influencer la décision en se positionnant en faveur du premier adjoint de Cannes, la position du second homme fort du département des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi, a en partie annulé sa tentative. Néanmoins, le Maire de Nice ayant pris prudemment ses distances avec François Fillon, n’a pas, vraiment contribué à faire cesser le trouble manifeste qu’a créé François Fillon dans ses récentes déclarations au JDD et à Valeurs Actuelles.
Il semble évident aujourd’hui que le courant sarkoziste est un soutien objectif à la candidature de Philippe Tabarot. Il est de plus en plus clair qu’à travers l’affrontement entre les deux candidats UMP à la mairie cannoise, s'inscrit celui de Sarkozy/Fillon. »
P.B.