Le cas d’école de la Suisse :
que faut-il en retenir ?
Patrick Maas, gérant associé de la société « Stratégie Finance » livre ici une analyse pointue sur la situation de la Suisse.
- patrouille dans le ciel : Swissair ? -photo Cooper -
« Si l’Europe connaît des difficultés en matière de
croissance économique et en matière budgétaire, il est important de s’arrêter
sur le cas de la Suisse, pays encerclé par ses partenaires européens, et
fortement dépendant de ces derniers.
Force est de constater que la Suisse se porte insolemment
bien. La croissance annoncée pour 2012 est proche de 1,1%, alors que beaucoup
de pays européens sont en récession, et la croissance prévue pour 2013 par
l’agence de notation Standard & Poors est de 1.2%. Le taux de chômage
actuel est de 2.9%, alors même que celui en Europe est de 10.3%. Il est
d’autant plus important de rappeler que ces bons chiffres s’inscrivent une fois
encore dans un contexte international fortement dégradé depuis le 2ème semestre
2012, particulièrement en Europe, et avec une devise helvétique à un niveau
record depuis 18 mois contre l’Euro, alors même que près de 70% des
exportations de la Suisse se destinent à l’Europe. La Suisse est également au 1er
rang mondial en matière de compétitivité et ce depuis 4 ans selon le WEF (World
Economic Forum).
Alors tout naturellement on se pose la question de savoir
comment fait la Suisse. Bien sûr il est aisé pour ses voisins en difficulté de
parler de son secret bancaire, alors que le secteur financier ne compte que
pour 15% du PIB suisse. Mais penchons-nous surtout sur les autres raisons de
cette aisance économique et sociale :
- Stabilité politique, dont le système d’élection permet aux conseillers fédéraux de se concentrer sur les projets, sur les décisions nécessaires et non sur leur réélection
- Stabilité financière au travers du franc suisse, et ce malgré l’impression monétaire en forte hausse depuis 12 mois.
- Stabilité fiscale, qui renforce le cadre de développement des entreprises, de leur avenir, sans changement incessant après chaque élection et l’arrivée de chaque nouveau gouvernement comme c’est le cas par exemple en France, en Italie, changements qui ne font que renforcer l’incertitude.
- Rigueur budgétaire avec une dette publique proche de 34% du PIB, contre 84% pour l’Allemagne (présentée comme le bon élève de la zone euro).
- Décisions anticipées en matière de financement des retraites qui fixe l’âge de la retraite à 64 ans pour les femmes et à l’âge de 65 ans pour les hommes et ce depuis 1948 pour ces derniers.
- La durée hebdomadaire du travail est fixée à 42 heures, alors que la France a mis en place les 35 heures en 2000, sous le gouvernement Jospin.
- Charges fiscales adéquates et non dissuasives sur les entreprises, qui les incitent à embaucher (la Suisse a créé en 10 ans 500 000 emplois, alors que la France en a détruit 750 000).
- Enfin, le made in Switzerland est aujourd’hui encore synonyme de tradition, de compétences et de qualité. »
À l’Europe et d’autres de s’en inspirer !
Patrick Maas - Stratégie Finance S.A. -