Michael Moore :
un gars sur le Net.
- MM, en route vers le Palais, photo Romain Porentru -
Michael Moore, cet américain iconoclaste s'était fait connaître en prenant le grand patron de Ford comme tête de turc. Il avait fait son apparition il y a deux ou trois Festivals de Cannes. Personnalité très controversée outre atlantique, il fait office d’épouvantail. Sa réaction a été très rapide après les événements du 11 septembre, réaction qu'il a choisi de diffuser par le biais d'Internet. Une lettre dans laquelle il s’en prend d'abord à l’aviation civile américaine qui sous-payerait de nombreux pilotes des lignes aériennes intérieures. "Des gars qui tiennent nos vies entre leurs mains pendant aussi longtemps", d’après lui ça mérite mieux que 15 000 dollars par an (moins de 90 000 francs).
Il pointe aussi du doigt la CIA. C’est elle qui a largement contribué à former Ben Laden et ses lieutenants dans des camps d’entraînement au Pakistan, avec comme objectif de chasser les Russes d’Afghanistan. De rappeler en passant que les terroristes payés et formés au Nicaragua en 1980 tuèrent 30 000 civils.
«Nous exécrons le terrorisme, sauf lorsque nous sommes ceux-là même qui l’exerçons», déclare Michael Moore. De parler du Chili, du Vietnam, de Gaza, du Salvador et d’orphelins qui n’auraient pas perdu la mémoire. D’évoquer aussi le terrorisme intérieur et l’attentat d'Oklahoma City en 1995, perpétué par d’anciens militaires anti-fédéraux. Il dresse un bilan très négatif des 8 premiers mois de Bush junior qu’il va jusqu’à rebaptiser Baby Bush en référence à Baby Doc. Le retrait des accords de Kyoto, la position américaine à la conférence sur le racisme à Durban, la relance de la course aux armements… donnent selon lui matière à entretenir un sentiment anti-américain.
C’était il y a quelques semaines. Depuis, Georges W. Bush est en passe de devenir le président le plus aimé des américains.
Michael Moore a le mérite de lancer quelques pistes pour répondre à la lancinante question que beaucoup se posent après le 11 septembre : «Pourquoi autant de haine ?».
C'est bien que ce soit des Américains qui, les premiers, posent la question. Et c’est à eux à y répondre en premier.
- mention : www.pariscotedazur.fr - novembre 2001 -