Le totalitarisme libéral :
comment on passe, en raccourci, du libéralisme au totalitarisme.
Il y a dans le libéralisme, un mot qui transparaît, le mot liberté. Et c’est pour lui que maintes révolutions furent entreprises et que tant d’hommes et de femmes y laissèrent leur vie. Cette liberté gagnée qui se décompose inégalement en petites libertés, s’est déclinée de diverses façons aux quatre coins du monde, s’adaptant à des cultures variées. Elle a donné ainsi naissance au libéralisme, qualifiée parfois d’ultra, parfois de sauvage.
De nombreux commerçants, chefs de petites et moyennes entreprises en étaient, il n’y a pas si longtemps les dépositaires et les fervents défendeurs. Des entreprises familiales avaient, en l’espace de quelques générations, atteint une taille et une puissance économique impressionnante. Que sont-elles devenues ? Il semble bien que par le jeu du marché et de la concurrence, elles aient disparu au profil de nouvelles entités qui ont vite débordé les frontières des états. Elles sont devenues des multinationales aux nombreuses filiales, changeant souvent de noms en changeant de pays.
Les acteurs de l’agriculture traditionnelle avaient cédé les premiers, face aux pressions et aux politiques mises en place par des gouvernements successifs. Une partie importante de la paysannerie ne fut pas fâchée de vendre à bon prix et sans trop rechigner, l’outil de travail. La terre est basse !
De regroupement en regroupement, d’OPA en OPA, on peut constater une concentration extrême du pouvoir, un pouvoir qui fait fit des frontières et des nationalismes. La taille prise par ces nouvelles sociétés est gigantesque. Tandis que leurs créateurs ont disparu depuis belle lurette, le personnel de direction est devenu, lui, interchangeable. C’est bien joli de se battre pour la liberté d’entreprise, mais si c’est pour en arriver là ! commencent à murmurer certains qui se voient alors séduits par les arguments d’un antimondialiste comme José Bové…
Des antimondialistes tout de « gauche » vêtus qui dérangent, font peur, parfois cassent. Ils ont pourtant le mérite de dénoncer une évidence, la naissance d’un nouveau totalitarisme capable de dicter ses conditions, de mettre à genoux des pans entiers de l’économie « mondiale » et de la finance. Un peu de la même façon les écologistes politiques s’étaient emparés de dossiers sensibles sur l’environnement et la santé et imposés réflexions et réformes. De fait, ils s’étaient appropriés le terme même d’écologie.
Ce totalitarisme nous vient d’une logique libérale et du capitalisme. C’est maintenant à ses défenseurs, s’ils acceptent d’ouvrir les yeux, de l’amender et de placer les garde-fous nécessaires.
Si la mondialisation n’est pas le mal absolu, elle n’est en aucune façon la panacée. Un original, Fritz Schumacher, avait lancé le slogan, « small is beautiful ». Un concept qui fut utilisé à tort et à travers. Il devrait néanmoins suffire à faire méditer quant aux dimensions idéales de nos sociétés et de nos institutions. Les éthologues savent qu’il existe des seuils critiques à ne dépasser. Toute société animale a besoin d’un nombre défini d’individus. Trop ou trop peu et le groupe fonctionne ou disparait… Les politologues et les sociologues ont l’air de l’ignorer. Les premiers improvisent, sans filet, les autres théorisent et conceptualisent à plaisir.
L’internationaliste à la Marx est mort, les prolétaires de tous les pays ne se sont pas unis, préférant désespérément « protéger » leur territoire, leurs marchés nationaux et leurs emplois. La mondialisation est un état de fait que des gens comme José Bové pointent du doigt. Parfois de façon caricaturale, ils nous interpellent. Voulons-nous vivre sur une planète « Mac Do et Coca-Cola ? » Plus sérieusement ils disent : attention danger !
Des oreilles, à droite comme à gauche, écoutent. Il est à souhaiter qu’elles entendent…s’il n’est pas trop tard !
- mention : www.pariscotedazur.fr – décembre 206 – - info@pariscotedazur.fr – Alain Dartigues -