Dossier Ikéa :
la vérité si je mens.
Au lendemain d'une réunion publique à Mouans-Sartoux, contre l'implantation du géant du meuble Ikéa sur la commune voisine de Mougins, le maire de Mougins, Richard Galy, organisait une conférence de presse pour "rétablir la vérité" sur ce dossier.
Beaucoup de journalistes dans la salle. Le sujet intéresse les médias. Pas simplement parce qu'il y a polémique mais parce qu'un jour ou l'autre tout le monde a feuilleté le catalogue Ikéa et rêvé d'y faire des achats. Dans la niche qualité prix, le géant est imbattable, et ceux qui veulent en profiter en ont assez d'aller jusqu'à Toulon ! Alors, pourquoi Ikéa a eu tant de mal à s'installer sur le territoire azuréen, pourquoi bute-t-il maintenant à Mougins ?
Essentiellement pour des problèmes liés à l'urbanisme et à l'environnement. Car quelle municipalité se priverait d'une telle aubaine et des retombées économiques engendrées par sa venue ?
Richard Galy n'a pourtant pas adhéré immédiatement au projet. Le grand cube jaune et bleu de Toulon, il ne le voulait pas tel quel sur sa commune. Il a donc demandé à la multinationale suédoise de lui proposer une version conforme à l'image de Mougins. Ce qui fut fait. Les éléments du projet présenté lors de la conférence sont persuasifs. La nouvelle mouture a bien des atouts. D'abord, les 2 000 places de parking seront en sous-sol. L'architecture intégrée au paysage n'aura rien à voir avec ces cousines et autres bâtiments industriels qui fleurissent ici et là, dans toute leur impersonnelle laideur. Des espaces arborés sont prévus, du bois, du verre en lieu et place de l'habituelle tôlerie.
Autre élément posé comme condition sine qua non par le maire, l'accès au site. Un accès direct de la pénétrante qui, à partir de l'autoroute, relie Cannes à Grasse, sera construit. Il permettra d'éviter le centre du village de Mouans-Sartoux et celui de La Roquette et éviter ainsi les embouteillages.
Richard Galy rétablit aussi la vérité des chiffres. Il ne s'agit pas de construire, comme les opposants l'affirment, un nouveau Cap 3000 de 136 000 m2 mais un ensemble de 30 000 m2 dont 20 000 pour Ikéa. Le reste étant dévolu à des commerces et des établissements publics : une crèche et une mairie de proximité.
- le projet se situe le long de la voie rapide Cannes-Grasse -
Cette présentation répondant point par point aux assertions du maire de Mouans-Sartoux, s'attaqua alors aux incohérences et "au climat de crainte irrationnelle" entretenue par André Aschieri. Le maire de Mougins, qui fait preuve d'une habituelle réserve, ne put s'empêcher de décrocher quelques flèches à son voisin. Pour lui, la mauvaise foi ne fait aucun doute. Il est déçu par son attitude et il est de moins en moins enclin à supporter la "mégalomanie" de son voisin "qui révèle plus de l'hystérie que du raisonnable".
Quant à la prise de position du maire de La Roquette, il s'en étonne. A son avis, celui-ci devrait davantage craindre pour sa commune, les conséquences de l'extension de la zone industrielle de l'Argile, à Mouans-Sartoux, que de l'implantation d'Ikéa.
Richard Galy revendique le droit de développer sur sa commune, plus particulièrement sur la Zac de St Martin, un développement industriel de qualité. "Ce qui est bon pour Mouans-Sartoux doit l'être aussi pour Mougins !" De démontrer, cartes et chiffres en mains, que les mouansois ne se sont pas plaints jusqu'à présent des développements entrepris sur leur commune : pas moins de 55 hectares pris sur une forêt en peau de chagrin, en 15 ans.
La zone de l'Argile par exemple. Elle s'étend pour l'instant sur 32 hectares auxquels il faudra bientôt ajouter une extension de 21 hectares. Une zone qui a donné déjà lieu à l'abattage de 13 000 arbres et qui a induit une augmentation considérable de la circulation : 352 semi-remorques rien que le 30 janvier dernier ! Les chiffres qui circulent (!), annonçant une prévision de 10 000 véhicules par jour, semblent loin de ceux, plus réalistes, qui tablent sur une moyenne de 2 200 véhicule/jour. Le fonctionnement de ce type d'activité donnant lieu, d'évidence, à une circulation décalée par rapport aux heures de pointe. Le charroi des semi-remorques inhérents à l'activité Ikéa ne dépassera pas, lui, les dix unités, bien moins que les actuels 20 poids lourds, rien que pour l'entreprise de parfum Charabot, entreprise classée, qui quittera le site actuel pour se recentrer sur le Plan de Grasse.
Sur l'autre point d'inquiétude qui concerne le travail, dire que les 500 emplois Ikéa auront pour conséquence de mettre au chômage 1 000 travailleurs semble des plus fantaisistes. On ne note pas de concurrence notable alentours sur ce marché et les 2 millions de visiteurs prévus ne pourront que bénéficier aux commerces voisins. Est-il vraiment besoin de le démontrer ?
Alors, devant ces éléments objectifs, certains sont tentés de dire, un peu vulgairement : y a pas photo !
Pourquoi donc cette "paranoïa?" On serait tenté de dire qu'il y a derrière cette mauvaise foi, un peu, beaucoup, passionnément, de jalousie. Le maire de Mouans-Sartoux ayant d'ailleurs laisser entendre que si le promoteur lui avait fait des propositions, il y aurait réfléchi à deux fois…La question posée au maire de La Roquette, autre opposant au projet, aurait sans doute obtenu la même réponse…Pure spéculation ?
Car les retombées économiques ne sont pas négligeables par les temps qui courent. Ce type de commerce n'est pas polluant, l'entreprise est saine et apporte une garanti indéniable de sérieux, le nombre d'emplois profitera à toutes les communes voisines, les taxes professionnelles et locales encaissées seront les bienvenues…
De la jalousie, c'est probable, des visées politiques, quasi certain. André Aschieri monte au créneau. Il se place sur le plan de l'écologie, de l'emploi de la qualité de vie, des thèmes qui lui sont chers et qui sont son fond de commerce. Ses partisans sont des inconditionnels mais il est bon de galvaniser ses troupes régulièrement… Pas de souci pour sa réélection comme maire ou même comme conseiller régional s'il le souhaite. Le vrai enjeu, c'est le siège de député. Il s'agit de reconquérir un mandat que lui a ravi de justesse le maire du Cannet, Michèle Tabarot. Pour cela, il est bon d'occuper le terrain médiatique et cela, il sait le faire, ayant toujours eu l'oreille attentive des médias locaux.
Jusqu'où l'auboutisme du maire de Mouans-Sartoux ira-t-il ? Ses déclarations et ses actions décourageront-elles les promoteurs ? Le maire de Mougins est serein. Le dossier technique devrait être boucler dans l'année et l'enseigne jaune et bleu devrait pouvoir accueillir ses premiers clients dans le courant 2009.
N.B. : des pétitions sont en cours :
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