France et Allemagne : deux options différentes à propos du nucléaire...
L’Allemagne a su tirer les conséquences de l'accident de Fukushima au Japon. Un revirement de politique car Angela Merkel avait déclaré, fin 2010, qu’il fallait prolonger la durée de vie des plus vieilles centrales d’une douzaine d’années.
Cela nous ramène à l’an 2000, date à laquelle le chancelier Schröder s’était lui prononcé pour un retrait progressif mais total de cette énergie qui donne de la lumière certes mais qui tue à petit feu ceux qui l’approchent de trop près. Un raccourci pour dire que l’industrie de l’énergie atomique n’est pas sans danger, ni sur le court terme (un accident) ni sur le long terme (qu’est-ce qu’on fait des déchets ?).
Ainsi, l'Allemagne a pris la décision de fermer toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. C’était ce qu’avait annoncé le ministre de l'Environnement Norbert Röttgen, en mai dernier, soit seulement deux mois après les accidents dans les centrales de Fukushima. Une décision rapide et courageuse du gouvernement qu’il faut saluer, validée en juin par le Parlement allemand, majorité et opposition pour une fois d’accord.
En France, c’est une autre histoire. La production d’électricité issue de la fission atomique est assurée a plus de 75% par l’atome. Difficile d’imaginer une solution à court terme. Même la perspective d’un désengagement progressif est problématique. Comment en effet remplacer cette électricité rendue « facile », au départ relativement peu chère (c’est autre chose sur le bilan total) et dont nous vendons nos surplus à nos voisins ? On sait que les énergies alternatives ne couvriront pas du jour au lendemain nos besoins qui, malgré une croissance stagnante, ne font qu’augmenter.
Si pour les Verts et les Euroécologistes, il n’y a pas à hésiter (il vaut mieux être dans l’opposition pour dire ça…), le PS est plus que prudent. Il hésite même à s’engager sur ce terrain miné. On voit bien, à cette occasion le fossé qui sépare EELV et les Socialistes… Quant à Nicolas Hulot, longtemps sponsorisé par EDF, il a attendu la dernière minute, dans le contexte de sa candidature à la candidature, pour s’exprimer sur ce sujet. Comme le faisait remarquer un commentateur : il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Nicolas a néanmoins attendu le 26 avril pour indiquer de façon claire son adhésion à l’option sortir du nucléaire. Les uns parlent d’opportuniste électoral (ça ne lui aura servi à rien), ses amis parlent plutôt d’une prise de conscience suite à l’accident de Fukushima.
Comme beaucoup de politiques, les caciques de l’UMP ont un train de retard et plutôt que de freiner, de donner du temps au temps (on appelle ça réfléchir), ils se sont prononcés pour la poursuite du programme, de ce qui « est aujourd'hui un élément majeur de la puissance industrielle de la France », dixit Jean-François Copé. Il faut dire à leur décharge que les sondages leur donnent un argument de poids : les Français ne sont pas encore prêts à changer leurs habitudes. Moins courageux que les Allemands, moins travailleurs, plus attachés à leurs privilèges ? Mieux endoctrinés en tous les cas. Les communicants d’Areva ont fait du bon boulot. En face d’eux les écologistes et les environnementalistes phagocytés par des idéologues d’une gauche plus extrême que socialiste, peinent à convaincre les électeurs alors qu’outre-Rhin, les Greens se sont depuis longtemps trouvés un créneau. Il est vrai que comme disait mon grand-père : on ne donne pas à manger à un âne qui n’a pas faim !