Monaco : Tout est « fastes, grandeur » et volupté aux Cours d’Europe...
La luxueuse exposition offre un véritable voyage au temps des grandes cours royales européennes.
Le mariage du Prince Albert et de Charlène Wittstock suivi par 100 millions de téléspectateurs a accentué l’intérêt des touristes pour le Rocher mais a également ravivé la flamme pour cette famille princière aux destins peu communs au pays des têtes couronnées. Les 450 invités ont pu voir au plus près Stéphanie, Caroline ou Charlotte, les héroïnes de leur gazette favorite. Les autres peuvent se consoler avec l’exposition du mariage au Musée océanographique mais aussi le montage photos de la Cour du Palais au Grimaldi Forum. Petite récompense avant l’invitation à la fête avec l’exposition « Fastes & grandeur des Cours en Europe » dans la peau d’une personnalité royale.
Dès l’entrée, deux rangées de costumes de pages accueillent les visiteurs privilégiés sur un tapis rouge majestueux. Après les coulisses, le temps des projecteurs pour un panorama européen en quelques heures. Pour pénétrer dans ces augustes salles, il faut déposer son carrosse auprès du traîneau à la tortue de Versailles et du coupé de gala des princes Esterhazy au centre de la cour. Car c’est bien une cour circulaire de palais qui attend le visiteur. Sur son pourtour, les 20 royaumes dont 10 en exercice, tous à égale distance du centre de la pièce, comme autour d’une table d’honneur, pour ne favoriser personne tout en respectant l’étiquette.
La visite commence de la gauche à la droite ou de l’ouest à… Monaco, couleur locale oblige. Au menu : des pièces inédites mais luxueuses des collections nationales ou royales. Le Portugal ouvre le bal avec Joseph 1er. Le monarque du XVIIIème siècle surnommé le Réformateur dans une ambiance post tremblement de terre lisbonnais est aussi resté dans les mémoires pour son amour de l’apparat. Avec des pièces comme son grand service d’argent, un des plus grand du monde, mais aussi la table dressée pour un dîner officiel où l’on peut facilement imaginer son épouse Maria Pia. Car une royauté ne se fait pas sans dame, et les couples sont mis à l’honneur autant chez les espagnols avec Philippe V, petit fils de Louis XIV, et Elisabeth Farnèse que dans le pavillon français.
Les Bourbons n’ont pas eu la préférence de la conservatrice Catherine Arminjon, c’est l’empereur Napoléon et sa première épouse Joséphine qui trônent en ces lieux. L’aura de l’impératrice répudiée est illustrée par ses parures en perles et rubis et mobiliers précieux de La Malmaison. En Angleterre, un autre couple historique a eu les privilèges du Grimaldi Forum. Le film avec Romy Schneider ou celui, plus récent, de Jean-Marc Vallée, ont mystifié les amours d’Albert et Victoria. La souveraine au plus long règne de la couronne britannique a été aussi un majestueux chef d’état comme lors de son rapprochement politique avec Louis-Philippe immortalisé par de nombreuses gravures. Au Benelux, les représentants sont aussi emblématiques qu’ancrés dans la vie contemporaine. Le train de Baudouin 1er, feu frère du monarque Albert II, reste une pièce insolite du pavillon belge en tant que réplique du premier train européen. Le Luxembourg a été pour sa part généreux en prêtant au Rocher le grand diadème de la Grande duchesse, épouse du duc Adolphe.
L’attrait de l’exposition pour une personnalité fait voguer dans des histoires invraisemblables aux Pays-Bas comme en Scandinavie. La vie de princesse de la future souveraine néerlandaise, Wilhelmine d’Orange-Nassau s’expose en différentes tenues traditionnelles ou de gala, imageant ainsi l’enfance au palais. La personnalité de Barbe-Bleue de Christian IV, roi du Danemark, interpelle également par ses pièces luxueuses comme le jeu de bague en argent doré représentant les tournois épiques. La Suède affiche un de ses souverains très particulier : Gustave III. Le roi du XVIIIème avait tout autant la passion des voyages officiels que du théâtre. La reconstitution de son théâtre personnel des châteaux de Drottningholm et Gripsholm nous fait partager rapidement la passion du roi-acteur lors de ses représentations d’Armide et Gustave Vasa. Ce voyage chez les surprenantes têtes couronnées permet aussi de s’attacher à certaines dynasties plus obscures. Périples agréables autour de Jean III Sobieski, roi de Pologne, lors de ses batailles, des fastes mégalomaniaques de Frédéric I de Prusse ou du luxe festif d’Auguste Le Fort, admirateur de Louis XIV.
Mais l’exposition plonge également dans les destins plus méconnus des familles royales comme Louis 1er de Bavière, rénovateur de Munich et fondateur de la fête de la bière, de la fin de vie d’Elisabeth d’Autriche, moins féérique que ses films éponymes ou d’Alexandre II de Russie. Le tsar était, entre ses résidences d’été de Tsarkoïe Selo ou Gatchina, fortement lié à la Côte d’Azur, sa mère Alexandra Feodorovna passant ses hivers à Nice. Nostalgie slave d’une autre époque.
Un voyage qui se clôt après l’Italie, entre Turin et Naples, avec le pays hôte. La Principauté monégasque est représentée par son père fondateur, Charles III, des esquisses de l’opéra par Charles Garnier et les balbutiements du Musée océanographique. Un musée devant lequel il y a 50 ans, un certain Albert Grimaldi regardait curieux l’auguste statue de son aïeul…
- exposition « Fastes & grandeur des Cours en Europe » - du 11 juillet au 11 septembre - au Grimaldi Forum - tel. +377 99 99 20 00
Solène Lanza