Paris : escapade printanière et romantique... suite.

Où il est question d’une croisière inoubliable sur la Seine et d’un déjeuner étoilé.

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L’une des soirées les plus glamour et romantiques de Paris se passe, sans aucun doute, sur le Don Juan II, l’un des « Yachts de Paris ». Construit en 1931, redessiné en 2003 et rénové en 2007 par Olivier Flahaut, ce petit yacht est un véritable bijou flottant, symbole de la navigation européenne : la proue est hollandaise, la bibliothèque est un authentique club anglais, le mobilier est italien tandis que les prestations représentent la quintessence de l’art de vivre à la Française.

Dans son cadre chaleureux : gravures et toiles anciennes du Quai Henri IV, lumières tamisées, rideaux de lin Pierre Frey, vaisselle Bernardeau, fauteuils Philippe Hurel, bar en cuivre et acajou… le décor est planté pour que la quarantaine de passagers répartis en 14 tables espacées, passent un moment inoubliable. Rendez-vous est donné à 19 h 45, pour savourer un apéritif au Champagne avec amuses-bouche dans le bar anglais. On largue les amarres à 20 h 30 pour une croisière inoubliable qui descend du Quai Henri IV au Port de Javel haut, et retour, à 6 km/heure. On passe à table pour déguster le menu, signé Guy Krenzer, MOF et chef de Lenôtre, vers 21 heures.

Le repas commence par une Saint Jacques marinée aux agrumes et avocat, suivie d’un foie gras confit, raisins et noix au poivre, émulsion de truffe noire accompagnés d’un Bourgogne Blanc, Chablis 2009 (69 € la bouteille). Tout est feutré, intime, le temps s’arrête. On a alors dépassé la statue de la Liberté et fait demi tour pour arriver devant la Tour Eiffel illuminée. Le dîner suspend son court, les passagers montent sur le pont pour profiter de la vue. Quelques minutes plus tard est servie une délicieuse côte de veau, tranchée en salle sur un chariot de découpe, accompagnée de légumes printaniers et mousseline de pommes de terre truffée, avec un Bordeaux Rouge Côte de Bourg 2003 (84 € la bouteille).

Suivent le plateau de fromages sélectionnés chez le Meilleur Ouvrier de France, Marie Quatrehomme, et la poire Belle Hélène. Après, pour les amateurs, une dernière flûte de champagne est servie avec les mignardises. Puis, à regret, on accoste et il faut déjà quitter ce petit paradis ! Hors du temps, malheureusement, celui-ci nous a rattrapé : il est 23 h 15 et le rêve est fini. Certes, la prestation est chère (198 € sans boissons, compter entre 250 et 300 € par personne suivant le vin choisi), mais c’est un souvenir inoubliable, un moment où tout n’était que calme, luxe, volupté et rêve éveillé. Le Don Juan II navigue tous les soirs.

La société des Yachts de Paris possède également sept autres yachts, de 22 mètres (le Cachemire) à 85 mètres (Le Paquebot) tous privatisables, ainsi que deux salons : Notre Dame qui peut accueillir de 10 à 150 personnes et Escale qui reçoit de 40 à 500 personnes… pieds dans l’eau.

  • Les Yachts de Paris – Port Henri IV – 75004 – Paris – Tel : 01 44 54 14 70

Pour un dernier déjeuner parisien, nous avons opté pour l’un des nouveaux étoilés Michelin : Antoine. Si l’établissement est récent sous cette enseigne (2 ans seulement qu’il a été racheté par Antoine Vigneron), le restaurant existe depuis 1870, installé sur les quais, face à la Tour Eiffel et voisin du Palais de Chaillot. Le grand professionnel qu’est Antoine Vigneron (15 ans directeur de la restauration du Bristol avant de diriger « Marius et Jeannette ») s’est entouré d’une équipe de jeunes professionnels très talentueux et performants dans son restaurant au décor à la fois moderne et chaleureux, aux grandes baies vitrées, au bar à l’entrée, avec en plus une petite salle privatisable, aussi lumineuse que la grande.

- Michaël Féval -

Avec une moyenne d’âge de moins de 30 ans, du second de cuisine au chef pâtissier en passant par le sommelier, Micaël Morais, venu du Meurice et de chez Guy Savoy, le directeur, Sébastien Rival qui a aussi œuvré au Meurice ainsi qu’au Palais de la Méditerranée à Nice et le jeune chef, Mikhaël Féval, qui a su, depuis le début, positionner ce bel établissement comme l’un des meilleurs restaurants de poissons de Paris. Originaire de Soissons, ce dernier a été élevé aux produits frais et de terroir qui trônaient sur les grandes tablées familiales de son enfance. De son père pêcheur et chasseur, il a hérité l’amour de la nature, de sa mère excellente cuisinière, celui des fourneaux. Et l’alchimie a fonctionné. Il a fait ses armes auprès des très grands, tels que Bruno Oger au Majestic de Cannes ou Antoine Westermann, au Buerehiesel.

Deux personnalités ont marqué son évolution : Éric Briffard alors au Plaza Athénée, auprès de qui il a appris la rigueur, la recherche de la perfection et une parfaite connaissance des produits et surtout, Bernard Loiseau qui, à Saulieu, l’a immergé dans l’ambiance paternelle de son établissement, lui a appris le partage avec l’équipe et inculqué sa philosophie culinaire : respect des producteurs, de la clientèle, simplicité dans la cuisine… Le jeune Mikhaël a très bien retenu ses leçons, en déclinant une cuisine épurée, qui cherche et trouve l’équilibre de la juste quantité dans les garnitures, du savant dosage des épices et de l’excellence des produits. Ainsi, que ce soit les huîtres Gillardeau, le homard des Iles Glénant, le bar de Saint-Gilles Croix de Vie, les poissons de Norvège (dont il a fait un livre à l’automne dernier), le meilleur est dans les assiettes.

La carte et les menus évoluent au quotidien, en fonction des arrivages. En ce moment, on trouve parmi les entrées la tarte de fine de rougets, façon pissaladière, sublime de finesse et de saveurs (27 €) ou le tartare de Saint Pierre aux zestes de bergamote, frais et pétillant (30 €). Bien sûr, le choix de poissons est vaste, selon la marée du jour, avec six propositions, parmi lesquelles les somptueuses noix de Saint Jacques norvégiennes (60 gr chacune), rôties accompagnées d’épeautre façon risotto à l’émulsion de mandarine (48 €), d’une extraordinaire subtilité, ou encore le merveilleux plat terre et mer, le pavé de daurade royale façon « Rossini », orné de sa tranche de foie gras poêlé servi avec des gnocchis de pommes de terre (48 €). Deux viandes sont également à la carte, un filet de bœuf de l’Aubrac et ses pommes de terre rattes à la truffe (45 €) ou le ris de veau au poivre de Séchouan, daikon glacés et trompettes (51 €).

Avec les fromages Aoc, les desserts qui surfent entre agrumes, fruits et chocolat, la carte des vins avec de grands crus français, tout est en place pour passer un moment empli d’épicurisme. Bravo à ce jeune chef qui se remet en question au quotidien, à son équipe soudée, aussi dynamique que motivée et à Antoine Vigneron qui a su fédérer autour de lui tant d’énergie. Une table en pleine ascension.

  • Antoine – 10 avenue de New York – 75116 – Paris – Tel : 01 40 70 19 28

Brigitte Brunot – photos de Patrick Flet.