Marseille : Auguste Chabaud met la Provence en lumière…
de sa période « expressionniste » à celle du « cubisme instinctif ».
La Fondation Regards de Provence a choisi cette fois de mettre en exergue Auguste Chabaud, 1882-1955. Un le peintre qui passe d’abord par la case expressionnisme. Ses premiers sujets d'inspiration sont les paysages des Alpilles et les scènes rurales des villages de Provence. Pas la Provence folklorique mais la Provence vivante, intense sous la lumière. Ses paysages, aux formes simples sont cernés de traits noirs épais, ses portraits racontent la solitude des hommes dans le monde moderne.
Sa parenté avec les « fauves » devint évidente lorsqu’il juxtapose les couleurs pures et il est vrai qu’il a la chance de côtoyer les Matisse, Derain, Vlaminck et autre Picasso. Plus tard, sa façon brutale d’aborder ses sujets, le qualifiera de cubiste instinctif. « Le peu que je sais - exprimera-t-il à l’occasion de son exposition de 1912, à Paris - je l’ai appris non des ateliers suffocants où je n’ai pu vivre, mais en suivant les laboureurs et les bergers ».
Après la guerre de 14-18, il s'installera définitivement à Graveson, dans les Alpilles dans la propriété viticole familiale, le mas Martin où il mène une vie simple. S’il peint en Provence, il expose à Paris dans des galeries chics et même à l’étranger. Il ne craint pas non plus de s’attaquer à la pierre de Fontvielle, comme beaucoup de ses confrères fauves et réalise quelques sculptures. Pablo Picasso et Georges Braque ne sont pas loin de sa retraite, à Avignon et à Sorgues. Comme eux, il sera… impressionné par l’art africain qu’il découvre en visitant le Sénégal et au Dahomey.
Comme Cézanne qu’il admire, il joue avec la géographie environnante et se plait à exploiter les vallonnements, les collines, les cyprès… vangoghtiens, les oliviers et les pins. Il s’exerce dans de petits formats exécutés rapidement pour la lumière de l’instant. Quand il n’est pas en pleine nature, à Arles, Tarascon ou aux Baux, il « filme » la lumière qui filtre entre les persiennes et qui éclaire l’intérieur… et les visages du médecin, du pharmacien, de l’anonyme porteuse d’eau ou d’un enfant. Pour le critique d’art Bernard Plasse : la véritable modernité de Chabaud réside dans son apport à la tradition provençale, sa continuité dans la découverte de cette Provence minérale. Après lui - ajoute le critique - la peinture provençale ne sera plus la même : « Il a apporté, en toute connaissance de cause, un renouveau dans son propre paysage et, à son tour, il a posé un jalon sur lequel d’autres artistes pourront repérer la Provence. Chabaud restera, avec quelques autres, le témoin et le résistant précurseur de cette Provence moderne. »
- le repos aux champs -
- L’exposition « Auguste Chabaud en Provence » réunira plus de 120 tableaux, dessins et sculptures, du samedi 22 mai au dimanche 12 septembre dans les salons du Palais des Arts – 1, place Carli - Cours Julien – Marseille - tél. : 04 91 42 51 50 . On pourra s’y procurer un ouvrage sur l’artiste, édité par l’Association Regards de Provence, signé par Bernard Plasse, 35 €.