Le soleil et la peau : une association de plus en plus aléatoire…
Comme souvent, le meilleur n’est pas exempt d’effets pervers.
Il y eut le temps où les canons de la beauté toléraient mal les effets du soleil sur la peau. Être bon teint, c’était être… pâle. Le teint hâlé seyait mieux aux paysans et aux sauvages qu’à la classe moyenne désireuse de ressembler à la bourgeoisie… Il n’en est comme preuve, les photos de nos grands-parents et de leurs parents qui se protégeaient ostensiblement des rayons solaires, canotiers pour les hommes, ombrelles pour les femmes… Puis, avec les congés payés, vinrent le temps où le bronzage était la preuve qu’on en avait bien profité… de ses congés… en allant au Sud, oublier la pression du boulot, le travail à la chaîne, le décors terne des terrils… Les médecins se montraient favorables à une exposition au soleil et vantaient ses vertus préventives et curatives. Ce fut le boom des sanatoriums, puis plus tard la naissance des bikinis, à laquelle succéda bientôt la mode des seins nus et des monokinis…
- La Croisette, Cannes vers 1900…
Marche arrière toute ou presque. Non seulement le soleil n’est plus la panacée - la phtisie n’est plus galopante - mais les adorateurs du soleil doivent maintenant se méfier. Une exposition inconsidérée est franchement déconseillée et ferait courir un risque pour la santé. Un risque grave puisqu’il s’agit ni plus ni moins de cancer de la peau, en particulier le mélanome. Les australiens en ont pris conscience depuis deux bonnes décennies. Situés dans une région du globe où la couche d’ozone est rare, ils sont encore plus susceptibles que nous de développer ce type de cancer. Chez eux l’information a bien circulé, avec comme conséquence un comportement raisonné et prudent. Les chemises manches longues fleurissent et les pantalons longs sont revenus dans les garde-robes malgré la chaleur. Quant aux parties du corps dénudées, elles sont régulièrement enduites de crèmes de protection.
Mais ces crèmes, dont l’application est contraignante et répétitive, ne sont qu’un pis aller. Elles ne protègent pas autant qu’on nous le disait et qu’on l’a cru. Des chercheurs ont mis en évidence l’importance des temps d’exposition qui multiplient les risques. La raison invoquée ? Les crèmes solaires permettent de rester plus longtemps au soleil sans être brûlé. Mais, plus on s’expose longtemps au soleil et plus la dose de rayons UV reçue est élevée. Philippe Autier, chef d’un groupe de recherche au Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), a établi cette relation dans une contribution à la revue spécialisée «British Journal of Dermatology». Ce dernier recommande que, même en utilisant une crème solaire, de ne pas s’exposer au soleil plus longtemps qu’on ne le ferait sans crème et sans attraper des coups de soleil. D’après lui, devraient figurer sur les publicités, les notices et les emballages de crèmes solaires, des avertissements éloquents quant aux risques encourus et un certain nombre de conseils de logique et de bons sens.