Climat : il change ou pas ?
Tenants de la théorie du complot et francs-tireurs écologistes s’affrontent.
Relayées avec délectation par les écolo-sceptiques, les rumeurs sur des chiffres volontairement faussés par des scientifiques, sont allées bon train. Chiffres qui leur auraient permis d’étayer leurs théories sur un climat qui changerait, et pas pour le mieux, en partie à cause des activités humaines.
Internet en a fait ses choux gras et de nombreux sites ont repris l’information, espérant ainsi démontrer que ces empêcheurs de… commercer en rond, sont des tricheurs à la solde de quelques extrémistes qui voient toujours le mal dès qu’il s’agit de réaliser des profits et de vendre les ressources de la planète au plus offrant. Qu’y- a-t-il de mal, dites-moi, à vendre sa mère ou la dernière goutte d’eau, le dernier gramme d’uranium (car même ce pourvoyeur d’énergie que ses partisans qualifient de « propre » sera dans quelques décennies épuisé…), vendre jusqu’à plus soif, vendre le dernier litre de pétrole extrait des sables bitumineux d’Alberta… laissant sur place un spectacle de désolation ? Les chasseurs ont déjà tué le dernier dodo, le dernier grand pingouin, le dernier émeu de Tasmanie, le dernier hippopotame de Madagascar, le dernier ours de l’Atlas, le dernier tigre de Bali et de Java, le dernier pigeon migrateur (et il y en avait pourtant des milliards), et cent autres espèces animales. Ils s’apprêtent, sans état d’âme, à en faire tout autant avec le lynx d’Espagne, le crocodile du Siam, l’anguille d’Europe, le cheval de Przewalsky… Ils seraient 17 000 espèces à être ainsi menacées d’extinction rapportent les scientifiques de l’UICN. Sans doute encore une divagation des écolos-catastrophistes de service…
Au fond, tout ça (quelques espèces animales disparus et quelques paysages ravagés…) n’a pas empêché la terre de tourner, les hommes de se multiplier et de faire des affaires : pas de quoi fouetter un chat !
Il y a environ quatre mois, la planète Internet c’est donc déchaînée (un petit signe en passant au Canard et au Cannois déchaîné) au sujet de ce scandale, aussitôt baptisé « Climagate », autour de chiffres présumés trafiqués.
Nous avons reçu à ce sujet une lettre argumentée susceptible d’apporter un éclairage sur le sujet. Elle est le fait d’un jeune retraité, créateur d’entreprises puis chef de projets dans des sociétés privées aussi bien que publiques et ce, sur trois continents.
Concernant les scientifiques dont on a en toute illégalité pirater les courriels, il les qualifie volontiers d’imprudents et victimes de leur enthousiasme. Concernant les données dont il est ici question, il indique qu’elles n’étaient pas secrètes et sont toujours publiques, consultables dans une douzaine de pays (bureaux de la Nasa et bureaux météorologiques).
D’après notre lecteur, « toute cette campagne est gérée par les groupes de la droite américaine qui étaient contre Al Gore. Au début c'était strictement politique. Depuis, le mouvement a été récupéré par les compagnies de pétrole et de charbon pour essayer de bloquer toute réglementation contraignante. Ils contribuent à développer et entretenir dans la population américaine l’idée que le soi-disant changement climatique fait partie d’un complot pour établir un gouvernement mondial, qui leur retirerait par exemple leur sacro-saint droit à posséder une arme ou… deux. »
Pour lui, il y a certains faits qui semblent évidents et peu discutables : la quantité de CO2 dans l'atmosphère monte et continuera de monter d'une façon inquiétante, il est probable que cela va créer des changements climatiques (pas simplement un réchauffement mais bien des dérèglements), que personne ne peut prévoir lesquels, faibles ou catastrophiques, plus concentrés dans une région ou une autre…
Pour notre retraité, le vrai problème est la démographie depuis longtemps galopante autant que préoccupante. Cette augmentation de la population s’accompagne immanquablement d’une hausse de la consommation par tête. « Même si le changement climatique conduit à deux milliards de morts dans les 30 prochaines années, ce ne sera pas suffisant. Si nous évitons ce danger, d'autres nous guettent. Les ressources planétaires sont limitées et nous allons tout droit dans le mur avec, à l’horizon, des famines, des guerres liées au contrôles de l’eau potable et des ressources alimentaires terrestres et marines. Si nous voulons que tous les gens sur terre vivent convenablement (assez à manger, un toit, bien chauffé, bien éduqué et avec un peu de… liberté politique et de mouvement), il faut que la population mondiale se réduise à un milliard au plus. Évidemment, il y a une autre solution : que quelques centaines de millions de terriens vivent très bien et six milliards d’autres très mal. C'est l'objectif implicite de ces groupes d'extrême droite américain. »