Maryline Desbiolles, de la « Scène » à la ville :

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Catégorie Les Arts au soleil

L’auteur vient rencontrer ses lecteurs à la médiathèque de Mouans-Sartoux avec son dernier roman.

Il est étrange de passer de « 13 à table » à la « Cène ». C’est pourtant la fantaisie que s’est imaginée Maryline Desbiolles dans son dernier roman « Scène. » Loin de faire une description normative et sociologique des mœurs de la table, l’auteur prend comme prétexte l’enchantement des habitudes dinatoires pour tracer un portrait de sa famille et ainsi renouer avec ses origines italienne. La table, voilà un lieu où tous se rencontrent et se nouent divers instants privilégiés de la vie.

Il y a un autre lieu plus sombre et silencieux, qui n’est pas étranger à l’auteur, celui des échanges enrichissants : les Bibliothèques.

L’auteur aux origines savoyardes mais dont le cœur reste attaché à notre région, avait l’an dernier rencontré Yves Ravey à la Bibliothèque de Noailles pour revenir ensemble sur leur métier d’écrivain. L’écrivain que l’on peut aisément qualifier de « réaliste » fortement inspiré par Nathalie Sarraute s’attarde d’abord sur le rôle diabolisant de la lecture. « Les livres sont des livres dangereux. » Allons donc, est-ce une parole cohérente dans la bouche d’une lauréate du prix « Fémina » ?

L’auteur ne craint pas la littérature mais l’endroit où celle-ci nous emmène, les livres nous guident aveuglément en les lisant et en les écrivant. Les livres comme « les mots nous prennent-ils donc par la main » comme l’affirmait Aragon ? Pour le lecteur, c’est une évidence mais pour l’écrivain, c’est un réel travail d’innovation selon Maryline Desbiolles. « Ce n’est pas facile d’écrire le mot rossignol ». L’illustration peut faire sourire mais l’écriture et la sculpture de la langue française sont bien les objets majeurs de tout écrivain. « Il faut écrire un mot comme s’il n’avait jamais été écrit ». Une innovation que l’on comprend rapidement quand l’auteure cite Raymond Carver notamment les 3 roses jaunes dans lequel l’écrivain américain met en scène la mort du dramaturge russe Tchekhov. Maryline Desbiolles y apprécie tantôt la netteté qui ouvre sur un univers, un territoire infini. Ces références ne deviennent-elles pas à ce moment-là trop aliénantes ?

Que nous le voulions ou non, « nous sommes constitués de nos livres », on lit et nous lions ces lectures avec notre vie. Voilà de quoi mettre un terme à l’opposition entre la littérature et la réalité. Si celle-ci raconte la vie, peut-elle l’inspirer ? La matière première de cette vie rêvée littéraire n’est pas la réalité dans son ensemble mais aussi son invention et ses représentations lues.

Cette relation complexe et poétique que l’auteur entretient avec les livres et l’inspiration réaliste peuvent, peut être, expliquer la sensibilité et « l’étrange familiarité » que Freud a définie et qu’elle dépeint dans ses ouvrages.

L’auteur viendra dédicacer ses livres et continuer sa réflexion sur son métier ce samedi après midi à 17 h à l’Aquarium de la médiathèque de Mouans-Sartoux dans un rendez-vous avancé du Festival du Livre prochain !