Les chiffres sont tombés : Patrick Sébastien et son « Plus Grand Cabaret du Monde » ont dépassé d’une tête la soirée sur tapis rouge des NRJ Music Awards. Malgré la bonne volonté du présentateur vedette de TF1, Nikos Aliagas, et un parterre de stars assez alléchant : Black Eyed Peas, Rihanna et Béyoncé, la soirée de récompenses qui ouvre le Midem cannois accuse une forte baisse d’audience depuis quelques années.

Ce rassemblement de vedettes américaines médiatisées n’éclipse en rien les nouveaux talents qui se produisent un plus loin sur la Croisette, à l’Hôtel Carlton, les Midem Talent.

-Hindi Zahra -

Les soirées musicales ont commencé hier soir dans la luxueuse et rockeuse salle Zéphyr. Le DJ en chapeau melon désabusé et doué recevait le public venu en nombre dans la salle glamour pour un programme qui en rendrait jaloux plus d’un. « Hindi Zahra », la nouvelle coqueluche des bobos branchés, foulait en premier les planches du Midem Talent. « Beautiful Tango », passé abondamment en radio, et la pochette de son album « Handmade » où l’interprète pose au milieu de bocaux précieux pouvaient la ranger dans la catégorie world jazzy assez calme. Mais la jeune fille avait bien d’autres tours dans son sac pour changer le petit show case de fin d’après midi en mini concert où le public fasciné répondait à ses vocalises.

- Paco Volume -

La soirée n’est pas à la surenchère de la performance scénique mais plutôt à la diversité. Car, après la jeune trentenaire d’origine marocaine, c’était à une fine et étonnante blondinette de faire son entrer sur scène avec seulement son guitariste à la gratte acoustique. L’accent anglais cocasse d’ « Hafdis Huld » faisait vite comprendre que ce n’était point dans les vallées britanniques que la jeune fille, avait vu le jour mais dans les contrées nordiques islandaises. Auteure de chansons réalistes à l’humour anglais, dans le genre de notre « Anaïs » nationale, la jeune fille ne laissera pas un souvenir impérissable au public cannois mais en aura fait sourire quelques uns. Celui qui avait le plus le vent en poulpe est l’auteur de hits pour Rihanna, Gnarls Barkley et Outcast, entre autres, qui a brûlé les planches. « Wayne Beckford », à la coupe iroquoise rasée, se frayait un chemin entre les membres de son Big Bang suédois. Des choristes pulpeuses, comme les « Supremes » l’étaient dans un autre temps, un show de crooner et de show man à la James Brown, voilà ce que les spectateurs du soir ont pu applaudir avant que le chanteur jamaïcain ne rendît un hommage émouvant à Haïti.

- Wayne Beckford -

Le talent ne se cantonne-t-il qu’à cette fin de semaine ? La suite de la programmation est tout aussi alléchante et les français, en langue de Shakespeare, sont à l’honneur ! Ce soir, c’est à « Diving with Andy » et à « Paco Volume » de continuer d’envoûter le public de la Croisette. Le trio parisien de « Diving with Andy », nominé en 2009 au Prix Constantin, saura avec sa mélodie sucrée et les airs pop faire chavirer le public comme il a su séduire Christophe Conte, journaliste musical aux Inrocks, qui les a définis : « Jules et Jim au pays (fantasmé) des Beatles. » « Paco Volume » est aussi un habitué du magazine. Cet ancien caviste s’est vite imposé dans le paysage musical français anglophile en remportant en 2007 la révélation CQFD. Demain c’est au tour des Plasticines de faire danser l’Hôtel luxueux cannois. De retour de leur enregistrement américain et adorées par Iggy Pop, ce n’est pas rien, les adolescentes ont laissé un peu de côté les paroles navrantes et les mélodies simplistes de leur premier album, « LP1 » pour un son plus punk des années 80 avec leur nouvel opus, « About love ».

Espérons que la belle programmation 2010 des Midem Talents connaîtra de vrais succès à l’image des révélations des années passées qu’ont été Yaël Naïm, Sliimy et Charlie Winston !