Un mélange de genres harmonieux : voilà « Archive » !
Le groupe trip hop britannique continue sa tournée européenne et revient, un temps, en France.
La France se met à l’heure américaine en imitant le « Cloneython » américain. France Télévision et de nombreux artistes se mobilisent pour Haïti ; ce rassemblement humanitaire, heureusement inédit, se donnera cœur et âme sur la scène du Zénith au préalable chauffée par un groupe britannique underground : Archive.
- photos Solène Lanza -
La formation londonienne, qui a tout de même cartonné en tête des charts français, revient sur scène avec son album « Controling Crowd Part IV ». De passage dans le sud de la France en 2009 et notamment à Cannes, le groupe avait pu réjouir les fans de trip hop et présenter sa nouvelle formation scénique. Un public hybride de quadragénaires se pressait sur le devant scène. Leur allure, tantôt « métalleux », tantôt « hippie bobo », tantôt… no look, nous rappelait, sans doute, l’évolution et les différentes formations que le groupe « Archive » a connues.
On a, en effet, souvent l’image d’une formation classique, cordes en fond de scène, et classe de musiciens en costumes. Quelle ne fut pas la surprise de trouver des basses, guitares, batterie et claviers sur scène !
Danny Griffiths et Darius Keller, les fondateurs du groupe s’installent sous les hourras de la foule derrière leurs claviers respectifs face à face, les plaçant ainsi comme maîtres de cérémonie. Les deux membres fondateurs d’ « Archive » ont dû subir beaucoup de tensions parmi les anciens chanteurs du groupe de leur début avant de le restructurer avec l’album « Lights ». C’est donc la nouvelle formation avec Pollard Berrier et David Penney, chanteurs et guitaristes par intermittence, ainsi que des membres additionnels qui se produisent depuis 2009.
Avec une organisation aussi segmentée, une harmonie est-elle possible ? Un placement géométrique et un rythme assourdissant contaminant le groupe au complet, mené par un chef d’orchestre aux claviers, laissent place à une harmonie plausible. Peu à peu, le timbre tremblant de David Penney, le doigté agile de Darius Keller et surtout les images répétitives angoissantes de métro, mouches ou de spirales hypnotiques projetées sur le mythique écran du Palais du Festival mettent la salle en émoi. Avec un rythme lancinant de la batterie aussi marqué, il n’est guère étonnant de voir Rosko John, ancien rappeur du groupe récemment réintégré, se mouvoir sur scène dans cette ambiance de rock alternatif. Ses tresses lui donnant de faux airs de métalleux à la Korn contrastent avec le costume noir élégant presque « émo » de David Penney.
Qui croirait que le rap, l’électro et le rock ne peuvent pas s’allier en regardant la performance d’Archive ? Le groupe prouve, en effet, le contraire en mélangeant avec élégance le flow et les riffs énervés. Les musiciens sont pris dans le rythme en foulant énergiquement le sol du Palais des Festivals cannois, le public aussi rentre en transe en dansant en cadence, l’envoûtement a donc réussi ! Pour agrémenter le tout, la seule voix féminine du groupe, absente de la scène, fait son apparition sur grand écran pour interpréter « Collapse/ Collide. »
La performance vocale fait frissonner certains, comme devant « Millenium » et en agace d’autres. Qu’importe, la soirée a séduit les fans qui, au moment de dire au revoir au groupe, lèvent leurs mains ovationnant le claviériste, meneur de jeu. Malgré les acclamations, les musiciens ne sont visiblement pas très pressés de reprendre leurs instruments pour des chansons bien plus rock des premiers albums aux bruits stridents de cauchemar, une fin de concert très « Noise », comme leur 4ème album du même nom !
Alors, comme le chant du cygne, Pollard Berrier entame « Again », popularisé par Olivier Dahan comme… Clara Sheller ! Le public est aux anges de cette interprétation du summum de la dépression esthétique. [Archive|http://www.myspace.com/archiveuk ] ne s’est, décidément, jamais attaché à exprimer le bonheur, la joie et le contentement ! Les spectateurs ont-ils été mécontents de la disparition du set list de « Fuck U », chanson emblématique du groupe ? L’interprétation de Craig Walker, ancien chanteur, était-elle si inimitable que le groupe a abandonné la chanson ?
Quoi qu’il en soit, avec ou sans son tube, le groupe continue à rependre sa mélancolie musicale réjouissante, en France jusqu’à fin janvier et viendra ouvrir le printemps de Bourges le 13 avril prochain.