La Camargue est magnifique, et ça se sait. Les cars de touristes déversent leur flots d’individus ventripotents, déguisés en short, marcels, chaussettes et sandales, quand ils ne se prennent pas pour des gardians : chapeaux, chemises, voire bottes ou en gitanes pour les femmes. C’est la rançon de la beauté !

Car elle est belle cette Camargue, entre dunes marines, lagunes, terres vierges, étangs, marais, dotée d’une flore et d’une faune extraordinaire. Certes, il y a les moustiques, véritables bombardiers capables de piquer même à travers les jeans. Mais, il y a un mode d’emploi : ne jamais sortir au lever et au coucher du soleil ! C’est dommage, car ce sont des moments de pur plaisir, quand le ciel s’incendie et que le soleil se noie dans les marais. On peut aussi s’enduire de crème répulsive, ça marche.

Image traditionnelle de la Camargue : les manades de taureaux « Raço di Biou », race présente depuis des temps immémoriaux, de chevaux, blancs, rustiques et courageux et leurs gardians. Les oiseaux sont partout présents, même hors du parc ornithologique : entre flamants roses, canards, aigrettes, sarcelles, foulques, hérons, et les cigognes qui, de bonheur, sont devenues sédentaires, autant d’atouts qui font que les amoureux de la Camargue passent sur les petits inconvénients pour profiter au maximum de ces paysages uniques en Europe.

Il faut se laisser envahir par le charme des Saintes Maries de la Mer, village de pêcheurs fortifié depuis le XIVème siècle pour se défendre des pirates, niché autour de la superbe église du XIème siècle, entre marais et Méditerranée. Selon la légende, Marie-Salomé, Marie-Jacobé accompagnées de leur servante égyptienne Marie-Sara, sainte patronne des Gitans, chassées de Palestine à la mort du Christ, auraient débarqué sur le rivage du village actuel.

Le pèlerinage du 25 mai attire une foule nombreuse, tandis que se succèdent processions et messes durant la journée, le soir les Gitans envahissent la ville au son de leurs guitares et violons tandis que les femmes dansent dans une ambiance de fête religieuse et païenne.

Certes, dans les rues piétonnes, les boutiques de souvenirs, de vêtements « typiques » et de restaurations plus ou moins rapides où l’on vous propose invariablement la « Rouille Camarguaise », la daube de taureau ou la paëlla, se touchent. Les habitants, contrairement à beaucoup de régions touristiques, ont l’intelligence d’accueillir très gentiment les touristes. Et puis, il existe des lieux fréquentés par les autochtones, et c’est ceux-là qu’il ne faut pas rater. Premier arrêt :

Installée en face du port des Saintes, ce petit restaurant atypique est un endroit à ne pas manquer. La patronne, Camarguaise, se délecte à faire découvrir des produits de terroir, servis autour de grands tonneaux troués au centre pour y jeter les coquilles des fruits de mer dégustés. Truculente, pétillante, fin gourmet, Andrée Papadopoulos (son mari d’origine grecque est né à 20 kilomètres des Saintes, aux Salins de Giraud), consacre sa carte aux huîtres et moules de Bouzigues, aux escargots de mer (présentés dans de « bénitiers », 9,50 €), tellines, crevettes… Il faut se laisser tenter par l’assiette dégustation, avec 6 Bouzigues N°3 (charnues à souhait, absolument délicieuses) servies avec un verre de vin du Mas de Rey, ou un succulent Picpoul (7 €). Sans oublier le « café gourmand, bonne alternative au dessert, servi avec mousse au chocolat (Andrée Papadopoulos en est accro) et fruits de saison (6€).

À l’intérieur, elle a fait réaliser un bar unique, en acajou et étain, avec une frise de grappes de raisins. Avec ses 50 couverts, il est prudent de réserver, c’est bon, le prix est très raisonnable et Andrée chaleureuse. Plateaux de fruits de mer à partir de 20 €. Tellines en persillade ou aïoli à 12 €, moules chaudes à partir de 10 €. Fermé du 1er octobre au 1er avril. Vente à emporter.

• La Cave à Huîtres – 38 avenue Théodore Aubanel – 13460 – Les saintes Maries de la Mer – Tel : 04.90.97.96.60

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