« Faisons un rêve » au théâtre Edouard VII :
Pierre Arditi en « prime time » attirerait-il autant de spectateurs qu’un Pierre Arditi en acteur de théâtre ?
- Pierre Arditi, Clotilde Courau, Martin Lamotte -
L’acteur de « No Smoking » séduirait-il le public ? Les 3 481 000 spectateurs de la pièce de samedi soir, « L’éloignement » de Loleh Bellon semblent bien le prédire. Ce n’est, cependant, pas la première fois que l’acteur fait équipe avec France 2. En novembre 2008, il avait déjà conquis 5,7 millions de spectateurs pour « Faisons un rêve » de Sacha Guitry.
Le spectacle, bien qu’éclipsé par la diffusion télévisuelle de la pièce de Loleh Bellon, est encore à l’affiche du théâtre mythique de Sacha Guitry jusqu’à fin juin. Le dramaturge, adepte de relation conjugale et d’ironie, crée un ménage à trois qui s’ignore avec un mari qui s’échappe pour une entrevue féminine et laisse sa femme chez un ami qui tente alors de la séduire. C’est à Martin Lamotte, Clotilde Courau et Pierre Arditi que le metteur en scène Bernard Murat a confié les rôles.
Pierre Arditi nous a davantage habitués à jouer le mari idéal, comme dans les films d’Alain Resnais, que celui de l’amant désireux, mais l’acteur excelle dans ce nouveau registre. Il forme, de plus, un duo irrésistible avec la princesse de Savoie que l’on oublie trop souvent fabuleuse actrice, Clothilde Courau qui interprète avec une maladresse touchante l’épouse séduite trompeuse et trompée.
Le rôle du mari change souvent d’interprètes : Martin Lamotte reprend le rôle filmé joué par François Berléand ; en cas d’absence de l’acteur des « Bronzés », Bernard Murat, le metteur en scène, n’hésite pas à monter sur les planches. On a beaucoup d’à priori sur les « chefs d’orchestre scéniques », pourtant les plus grands metteurs en scène étaient à la base de merveilleux acteurs tels que Louis Jouvet, Jean-Louis Barrault et plus récemment Francis Huster. Idée encore vérifiée cette fois ! On retient le talent d’interprète du metteur en scène qui campe son rôle de mari provincial marseillais sans exagération avec un accent qui a été trop souvent caricaturé !
Au final, le trio fonctionne… comme dans un rêve ! Un rêve où les mots de l’auteur et la passion des amants s’actualisent. Sacha Guitry est immortel !