Universités: le temps des vacances ou celui de la réflexion ?

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Les congés universitaires permettront-ils de faire le point dans les facultés comme celle d’Aix-en-Provence ?

Les grèves… l’Université connaît ! Espérant souvent imiter Mai 68, elle est de toutes les luttes. Aujourd’hui, la controverse est générale et touche aussi les professeurs. Il est vrai que la loi LRU, appelée plus communément loi « Pécresse », concerne l’indépendance des universités mais aussi… le statut des enseignants-chercheurs. Selon eux, la « paye à l’article de recherche », les pousserait à n’être plus que des chercheurs. De là leurs manifestations à Marseille, Paris ou Strasbourg… pour faire respecter leur droit à enseigner. Ils en viennent même à jeter des chaussures sur le rectorat ! Voulant tout de même rester en contact avec leurs élèves, les enseignants-chercheurs grévistes s’arrangent pour les réunir dans des « cours sauvages » où les étudiants font cours par le biais d’exposés. Quelques uns d’entre eux se posent tout de même des questions : quelle est vraiment la valeur de ces cours… quelles incidences auront-ils sur leurs diplômes futurs ?

De leur côté, les professeurs non grévistes font part de leur désir de vouloir faire cours. Certains continuent les enseignements sur les marches du parvis, sur l’herbe ou dans les cafés. Le blocage de l’Université, voté lors de l’Assemblée Générale du 2 février dernier, serait, selon les bloqueurs, « un des meilleurs moyens de se montrer ». Il est vrai que ce qui manque le plus aux principaux acteurs de la grève, c’est la couverture médiatique. La communication avec les personnes extérieures à l’université se fait difficilement. On interpelle le public dans la rue durant des « manifestations illimitées » où un Monsieur Loyal représentant la Fac tandis qu’un Monsieur Puissant lance des dés pour introduire des idées de concepts à discuter.

Cependant, avant de parler avec l’homme de la rue, encore faut-il que les étudiants aussi soient intéressés et s’engagent dans l’action. On voit des blocages nocturnes de la faculté s’accompagnant de fête électronique ou de bœufs musicaux mais le plus important a lieu lors des AG. Les étudiants s’y pressent toutes les semaines. C’est là que l’on discute, c’est là que l’on conteste. Toutefois, ces derniers temps, constatant un arrêt trop long des cours, un mouvement anti-blocage s’est mis en place qui revendique le « droit d’étudier librement », évidemment au grand dam des bloqueurs.

Les deux blocs s’affrontent alors, en joute verbale, guerre de chefs ou regroupement géographique. Les étudiants n’ont plus d’autre choix que d’opter pour l’un des deux camps. La confusion et le désarroi sont au rendez-vous. La majorité est solidaire avec la grève et avec les professeurs, mais les débordements des bloqueurs qui s’en sont pris, parfois physiquement, aux professeurs et aux élèves non grévistes, exaspèrent… Certains n’hésitent pas à parler à propos du climat qui règne actuellement dans les universités, de « guerre civile ».

Les étudiants, souvent perdus entre la peur de l’avenir de l’enseignement supérieur et celui de leur semestre, sont soumis au CEVU, le Conseil des Études et de la Vie Universitaire qui décide du calendrier des examens. Les premières informations arrivent le 15 avril mais rien de proprement révolutionnaire : un semestre à valider, des examens jusqu’au 30 juin et le début des rattrapages dès le 31 août. La dernière AG en date a voté, pour sa part, le blocage total de l’Université.

Rentrés chez eux pour les vacances de Pâques, les étudiants sont à l’affût de nouvelles. Ils attendent mais quoi ? Pour les profs grévistes et les élèves solidaires, le retrait pur et simple de la loi, mais laquelle ? La « loi Pécresse » ou/et la « loi Darcos » ? Pour les anti-bloqueurs, la reprise des cours. Pour d’autres, le début d’actions réelles qui fassent réagir le gouvernement. En fait - pour reprendre l’expression incontournable du moment - tout cela ne dépend pas seulement d’une vision du monde ni de politique mais de la vie personnelle de chacun. Une perspective à court terme face à des intérêts à plus long terme. Voilà le paradoxe ! Il n’est pas nouveau et toujours aussi difficile à résoudre pour les jeunes.