Aix En Provence : Plongée dans la chevelure,
l’exposition aixoise Hair retrace l’histoire de la « toison » humaine et de ses utilisations… parfois étonnantes ! De quoi couper les cheveux en quatre…
Charles Baudelaire avait-t-il vu juste en voyageant via la seule odeur de « la chevelure » de sa bien-aimée ? Le voile chevelu qui a longtemps été l’étendard féminin si séduisant, est bien le synonyme de l’évasion et du dépaysement si on s’intéresse à son histoire.
La chevelure a longtemps créé fascination et sacralisation dès l’Antiquité à Rome et l’Egypte Ancienne. Si l’utilisation des cheveux dans la société a été sociale, la poudre de cheveux a permis la création des premiers tableaux artistiques au 19ème siècle en Angleterre et en Allemagne.
Depuis la création capillaire s’est multipliée mais s’est toujours inspirée des symboles ou techniques plus ancestrales donnant des faux airs de Marie Antoinette aux collections de Jean Paul Gaultier ! Le créateur français a aussi osé faire porter sur les podiums une culotte poilue, démystifiant un peu l’intimité féminine.
Face à ce renouveau traditionnel, certains artistes contemporains détournent habilement l’épaisseur touffue pour critiquer le monde glacé et parfait de la mode : Katherina Jebb choisit de photocopier ses clichés de perruques et Vivianne Westwood fabrique du prêt à porter trompe l’œil. Cependant, plus souvent jeux que vraies critiques, les diverses représentations de la chevelure n’ont jamais manqué d’humour que ce soit Chantal Thomas sur ses cartons d’invitations ou sur les T-Shirts aux têtes d’idoles perruquées par Jean-Charles Castalbajac.
Pour contraster avec cette frivolité, l’artiste française Clémence Agnez propose une vision esthétique du cheveu noué l’un après l’autre pour former un squelette dinosauresque rappelant ainsi l’évanescence et la légèreté de ce poil composé de kératine, suspendu à un fil.
Cela et plus encore, tisse le fil – on devrait dire ici, le cheveu – de l’exposition qui se tient à Aix en Provence jusqu’au 29 mars à la Galerie d’Art du Conseil général des Bouches du Rhône, sur le Cour Mirabeau. On en sort surpris, un peu défrisé mais fasciné, mais n’est-ce pas le but de l’art contemporain ?
En attendant la prochaine exposition sur la féminité, allez perdre la tête et n’hésitez pas à demander une visite guidée ! Si j’osais je dirais aussi : allez prendre l’Hair…