Festival de Cannes : jour J, J comme Jacob...

« Le jour le plus long »…

'' Hommage au cinéma, ce mercredi 14 mai sera pour certains le plus long, celui qu’il ne faut pas manquer, celui qui donne le LA. Ça y est, ils… débarquent, envahissants les palaces de La Croisette mais pas seulement les palaces. Tout est plein, c’est ce qui se murmure. Vrai ou faux. À Monaco, il restait encore des places à vendre pour le Grand Prix, et quelques chaises sur les terrasses…''

Ici, les photographes amateurs se cramponnent déjà aux barrières les mieux placées, celles qui font face aux marches du Palais. Les petites mains se demandent, elles, encore par quels moyens elles se rendront à leur travail, où se garait quand on n’a pas les badges nécessaires, à combien de kilomètres du Palais ?

Les journalistes et chroniqueurs spécialisés cinéma… le temps d’un Festival, cherchent le sujet, l’accroche. Quelle rumeur propager, quelle polémique va-t-on déclancher et se repaître ? C’est une longue tradition journalistique, celle qui consiste, assez systématiquement à attaquer le Festival, son organisation, sa sélection… Il faut bien nourrir la bête et donner du grain à moudre aux grincheux et aux pisse-vinaigre.

Cette année, la controverse vient de la sélection qui a tardé et qui a comporté une improbable séance de rattrapage. Cela a créé un malaise. Il n’en fallait pas plus pour imaginer le pire, suffisant en tous les cas pour parler de tâtonnements, de supposées atermoiements des « sélecteurs ». Les difficultés pour trouver la bonne proportion entre cinéma d’auteur et cinéma grand public, le bon équilibre entre l’Amérique et… le reste du monde, ont toujours existé. Le continent africain est depuis dix ans au rencard, l’Asie et l’Amérique du Sud sont là, en faire valoir. La production française n’est pas au mieux et les Guignols de l’info se tordent presque tous les soirs de rire, tout en continuant à flatter dans le sens du poil ceux qui en sont les principaux artisans… ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.

Côté sélection encore, il n’y a pas de miracle, c’est un travail à l’année qu’effectuent les équipes. Un peu comme les inspecteurs du Guide Michelin, il leur faut tout voir, tenir compte du poids des uns et des autres, de la réalité économique et des implications diplomatiques… qu’entraînent leur présence ou leur absence. Des pressions, il y en a, ne nous voilons pas la face… Scarface.

Thierry Frémiaux et Gilles Jacob sont habitués à ses péripéties et ses arguties. Leur inexistence, serait plutôt un mauvais signe, celui d’un désintérêt pour la manifestation. Thierry et Gilles regardent déjà ailleurs et surtout, ils observent la capacité du Palais des Festivals à évoluer, à prendre en compte la gourmandise de la manifestation en matière d’aménagements et d’espace. Gilles Jacob avait déjà interpellé le député-maire de Cannes, Bernard Brochand, et fait… doucement pression pour que les bâtiments sont rénovés et que des solutions soient trouvées pour accueillir toujours plus de participants…dans les meilleures conditions. Quelles seront cette fois ses recommandations et ses exigences ? Nous le serons à la fin du Festival, à l’heure des bilans…

Alain Dartigues