Cap d’Antibes : le ponton d’Abramovich stoppé,

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« La loi littoral » une nouvelle fois attaquée…


- le mur refait, au droit du Château Croë -

Sans aller jusqu’à remonter aux Phéniciens ou aux Grecs qui ont visité et colonisé nos rivages, constatons que notre côte… d’azur a suscité bien des convoitises. Les Russes blancs, la noblesse anglaise, nous ont donné, outre plusieurs églises et une Promenade, des propriétés et des villas qui ont agrémenté nos paysages. Les jardins fleuris d’espèces exotiques descendaient jusqu’à la plage et empêchaient le plus souvent les promeneurs de passer.

Puis vint le temps des plages privées qui empiétaient sur « le domaine public maritime ». Il fallut même qu’on demande à Brigitte Bardot de bien vouloir laisser un passage au-devant de sa propriété de Saint-Tropez, La Madrague. Nous étions dans les années 60…

Se sont succédé depuis, les princes du Moyen-Orient, quelques dignitaires africains et maintenant les russes de l’ère Elsine-Poutine installés dans les plus beaux et les plus chers domaines des caps d’Antibes, Ferrat, d’Ail, Martin… Boris Berezovski, Andrei Melnichenko et Roman Abramovich sont du nombre.

Il fallut attendre que soient votées des lois garde-fous pour récupérer des pans entiers du bord de mer. Haro sur les constructions illégales, les pontons, les barrières ! La volonté des services de l’Etat se heurte néanmoins à des résistances, à des lobbys puissants, à des intérêts économiques, à d’amicales pressions… diplomatiques.

Dernier en date, la construction illégale d’un ponton construit au Cap d’Antibes, face au grand large. C’est un pêcheur qui aurait alerté les autorités car la promenade, fort fréquentée qui contourne une grande partie du Cap, était à ce moment-là interdite à la circulation… pédestre. Hasard ? Curieusement, dès septembre, des panneaux d’interdiction de la Direction départementale de l’équipement, la DDE des Alpes-Maritimes, annonçaient que le chemin du littoral serait fermé jusqu’au 29 février ; le temps d’élargir le sentier, au droit du Château de La Crœ. Conformément à l’arrêté du 2 mai 2007, le dossier pouvait être consulté à la mairie d’Antibes.

Il faut dire que les travaux ont été superbement exécutés. Cela faisait l’affaire de tout le monde ; de la municipalité qui voyait valorisé à moindres frais, ce passage, jusque-là relativement délicat à emprunter et le propriétaire du fameux « Château Croë », le non moins fameux Roman Abramovich… Sans doute s’attendait-il qu’en échange de ces travaux, les autorités fermeraient les yeux sur le petit ponton en béton qu’il faisait construire en même temps que le mur. On ne saura jamais qui et jusqu’à quel point, ce projet bénéficia ou non de complicité, ou disons, d’un regard bienveillant…

Suffit-il d’être riche pour tourner impunément la loi… littoral ? Plusieurs s’y sont essayés. Parmi les plus connus figurent le roi de l’immobilier, Christian Pellerin à Antibes, le prince Fahd d’Arabie à Golfe Juan, le libanais Antony Tanouri à Cap d’Ail ; dernier sur la liste, le très visible Roman Abramovich.

Aujourd’hui, le chantier est arrêté grâce aux actions conjuguées d'un pécheur qui passait par là, du maire d’Antibes, Jean Leonetti, du président du Conseil général des Alpes-Maritimes, Christian Estrosi qui ont convaincu le préfet, Dominique Vian, de prendre les mesures nécessaires. Celui-ci avait ordonné, le 4 mars, « l’interdiction de tous travaux concernant l’érection éventuelle d’un ponton en mer ».

  • Roman Abramovich fait partie de ces nouveaux riches, très riches même, russes issus de la Russie d’après la chute du… mur de Berlin. La revue Forbes le classait en 2007, à la 16ème place du classement mondial des personnalités les plus fortunées au monde. On parle ici en milliards. Il est propriétaire, entre autres entreprises, du club de football londonien de Chelsea.


- derrière le mur, la villa, gardée par de nombreux vigiles et des centaines de caméras…