3 - Le Sénégal : les palétuviers de La Somone
et la brousse, infiniment…
La Somone : Noyée dans une végétation luxuriante, la lagune où plongent de grands palétuviers, possède un charme irrésistible. C’est un grand coup de cœur, une beauté sereine qui donne envie de ne pas repartir. Très peu de touristes fréquentent cette lagune bordée de belles maisons, avec tout au fond, une autre résidence présidentielle : il s’avère que c’est un label de qualité, aussi bien pour la beauté du site que pour la tranquillité des lieux.
- les palétuviers plongeant dans la lagune -
La Brousse : A une vingtaine de kilomètres au Sud de M’Bour, j’ai eu la chance d’être reçue dans un village de brousse, le village natal du gardien de la villa, Félix, sérère et chrétien. J’ai été reçue au son des « Djembés », tam-tams qui accompagnent les chants et danses des femmes, splendides, enveloppées dans des tissus aux rutilantes couleurs, qu’elles portent, au milieu de nul part, avec une noblesse déconcertante.
Bien sûr, ils avaient quelque chose à demander, mais quand on voit leur dénuement, on a vraiment envie de les aider. Les jeunes hommes sont oisifs, il n’y a pas assez de travail, ni assez à manger et encore moins à boire. Pourtant, la terre est fertile, il suffirait de deux ou trois puits, d’une pompe qui relèverait l’eau de la mangrove voisine (bien que saumâtre, elle convient pour irriguer les cultures maraîchères) et d’une case de santé… sans oublier une bonne dose d’huile de coude !
Dans deux villages voisins, l’expérience a été faite par un généreux donateur français : il a offert des puits, des plants et donné des objectifs : que le village en 1 an puisse vivre en autarcie alimentaire. Dans l’un de ces villages, le succès a été immédiat, dans l’autre, la moitié des hommes ne voulant pas travailler, ce sont les femmes qui ont pris la relève et, aujourd’hui, elles commencent à récolter les fruits et légumes de leurs efforts.
La vie en brousse, une fois résolus les problèmes d’irrigation et d’eau potable, est beaucoup plus douce que dans les villes où les logements ressemblent à s’y méprendre à des bidonvilles. Une autre chose est importante pour ces villages de brousse : des camions de santé, avec médecins et infirmiers qui sauveraient un grand nombre de vies. On ne part pas automatiquement avec des idées humanitaires, mais il est impossible de rester insensible à tant de misère.
Une autre leçon apprise auprès de Français résidants au Sénégal : il vaut toujours mieux, si on en a les moyens, aider des communautés que des individus. Tous ceux qui ont fait cette erreur ont perdu au moins une voiture et s’en sont sortis avec une sensation d’amertume devant tant d’ingratitude.
Il ne faut pas se méprendre, les Sénégalais sont très gentils, très hospitaliers, ils partagent même ce qu’ils n’ont guère, entretiennent leur famille. S’ils demandent, c’est qu’ils n’ont pratiquement rien, et une vision erronée de l’Europe : certes les salaires n’ont rien à voir, mais le coût de la vie non plus. Ils sont très étonnés quand on leur explique qu’en France, beaucoup de jeunes gens, hommes et femmes, vivent encore chez leurs parents, un loyer étant trop cher pour leur budget.
- l’arrivée à Fadiouth -
C’est la fin de mon périple. Joal et son île Fadiouth, surnommée « L’Ile aux Coquillage » sont aussi située sur une lagune sujette aux marées. A marée basse, cochons, chiens, chèvres, chevaux se précipitent pour grignoter les coquillages, plancton, herbes et déchets mis à nus. Outre le fait que les rues sont pavées de coquillages, la grande originalité de Joal est un cimetière où sont enterrés ensemble chrétiens et musulmans, sur lequel veille un baobab, arbre symbolique du Sénégal. Une grande sérénité y règne, une impression de fraternité qui aurait enfin dépassé les religions pour rassembler tous les hommes dans leur dernière demeure.
Reliée à Joal par un pont de bois, Fadiouth dégage un petit quelque chose qui, comme souvent dans ce pays envoûtant, vous prend aux tripes.
A 10 minutes de piste se trouve le plus grand et vieux baobab du pays (830 ans). C’est impressionnant et vaut le détour, si ce n’est que les marchands de colifichets gâtent un peu le paysage.
Avant de partir, il ne faut pas oublier que l’artisanat sénégalais est très beau. En dehors des « souvenirs » de voyage habituels, on trouve des objets, bijoux, paniers, tissus, peintures auxquels on a du mal à résister, ne serait-ce que pour avoir un souvenir concret de cette escapade sur une autre planète, un souvenir prenant, une émotion intense et une envie irrésistible d’y retourner.
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Brigitte Brunot (texte et photos)
- mention : www.pariscotedazur.fr – mars 2008 - - écrire au magazine, s'abonner, se désinscrire -