Le Festival de Cannes parie sur l’Amérique de Sean Penn
une Amérique démocrate, une Amérique de gauche…
Bien sûr, cette Amérique dite de gauche n’a rien à voir avec notre Parti socialiste si édulcoré soit–il. N’oublions pas les paroles d’un journaliste américain à Paris qui, pince-sans-rire, nous assénait : votre Sarkozy, il ne serait même pas sa place à l’aile la plus à gauche de notre parti démocrate…
Si l’on voulait nous faire croire que le cinéma à Cannes, durant le Festival, était apolitique. Thierry Frémaux, son délégué, nous prouve le contraire en déclarant que le futur président du jury, Sean Penn, « incarne le cinéma indépendant américain, ainsi qu’un certain visage de l’Amérique qu’on aime»… plus ou moins sous-entendu, une Amérique contestataire, ouverte au reste du monde, une Amérique généreuse.
Il est vrai que la personnalité de Sean Penn a de quoi séduire. On est loin des exubérances de Francis Ford Coppola, venu tout droit de New York chercher, en grande pompe, la Palme d’or qu’on lui avait promis. Il avait débarqué en jet privé, loué un étage entier du Carlton ainsi qu’un des yachts les plus imposants du vieux port… où il s’était fait livrer des caisses de balles de golf, des plateaux de baklavas et autres friandises… Parlez-nous donc de la guerre au Vietnam Monsieur Coppola !
Protestataire à souhait, Sean Penn est l’homme de la situation, surtout s’il vient à se confirmer que le prochain président des Etats-Unis serait démocrate. Un pari sur l’avenir, car les élections auront lieu en novembre et le Festival en mai. S’agirait-il d’une intention inconsciente ou cachée de donner un petit coup de pouce au candidat de « l’Amérique qu’on aime » ? Bonne intention ou pas, ça ne marche pas toujours ainsi. L’attribution de la récompense suprême à Michael Moore pour le Festival de 2004, n’a pas empêché Georges Bush d’être élu.
Georges Bush justement, l’ennemi juré de Sean qui ne veut plus entendre parler, ni de lui, ni de la guerre en Irak. Sean ne ménage d’ailleurs pas sa… peine pour faire connaître ses positions. Il avait acheté une page entière du Washington Post pour supplier le président de ne pas intervenir en Irak. Lors des dernières présidentielles, il avait soutenu la candidature du démocrate John Kerry (dont la fille était venue au Festival de Cannes prêcher la bonne parole dans une robe qui s’avéra un peu trop transparente aux yeux de la prude Amérique…).
- Alexandra Kerry en Dior version sage, en Chopard, version transparente…
Et en plus, il a un côté écolo. Son dernier film en tant que réalisateur, est un hymne à la nature, aux grands espaces, aux dures réalités de la vie et aux choix douloureux qu’il faut faire. « Into the Wild », est tiré du roman de Jon Krakauer Voyage au bout de la solitude. Il sortira chez nous mercredi qui vient.
Sean Penn, c’est l’antithèse politique de Chuck Norris et de ses savants coups de savates, cet acteur de la série culte «Texas rangers » dont nous bassine religieusement TF1 chaque semaine, s’est engagé aux côtés de Mike Huckabee - pasteur baptiste à la foi exacerbée, anti-avortement, contre un contrôle accru des armes - dans la course à l’investiture républicaine pour les présidentielles…
Pas la… peine de vous faire du mauvais sang monsieur Frémiaux : cet enfant d’Hollywood va dynamiser, qui sait dynamiter le Festival.
Les journalistes de Gala et de Voici sont sur les dents. Qui donc accompagnera le président du jury dans la montée des marches du Palais et partagera sa luxueuse suite du Carlton, du Majestic ou du Martinez ? Ils viennent d’apprendre en effet l’annonce de son divorce avec Robin Wright, après onze ans de mariage…
Alain Dartigues
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