Pont-Aven. Les sorcières font le buzz…

Catégorie Les Arts au soleil

Pour son quarantième anniversaire, le Musée de Pont-Avent, met à l’honneur la figure de la sorcière au XIXe siècle. Au cœur de notre imaginaire collectif, les sorcières ont longtemps incarné l’allégorie de la vieillesse, de la mort, du vice et du mal. Elles sont associées au surnaturel, à la nature, à ce qui fait peur et que l’on ne maîtrise pas. Mais 1862 marque une rupture avec la publication de La Sorcière de l’historien Jules Michelet : la sorcière devient alors à la fois un emblème de révolte, de connaissance et d’harmonie avec les éléments naturels, posant les bases de l’éco-féminisme.




Réenchantée, elle devient le symbole de la lutte des opprimés contre l’arbitraire. Ambivalente, la sorcière cristallise les fantasmes masculins sous forme d’icône érotisée dotée d’une éternelle jeunesse s’opposant ainsi à la vieille femme laide des contes et illustrations. Pour des artistes majoritairement masculins, la sorcière évoque l’autre et l’inconnu, avec sa part d’attraction et de menace. Dans une société patriarcale où la femme est considérée comme mineure, la sorcière personnifie la femme forte, qui menace l’ordre établi et deviendra un modèle et un symbole pour les féministes au cours du siècle suivant. Elle incarne la résistance face aux pouvoirs dominants.

L’exposition (en partenariat avec le musée d’Orsay) fait dialoguer les arts au sein d’un parcours qui fait la part belle aux arts graphiques (dessins, estampes, livres), photographies, sculptures, objets d’arts, extraits de films, installations ainsi qu’à la musique, la danse et la littérature. Le parcours se décline en trois grandes sections autour de la notion de transgression et de désir : le feu de la nuit (la nuit, domaine de la liberté, de l’imaginaire et des possibles, des débordements des frontières, des métamorphoses) ; le feu au corps (le corps féminin, territoire de l’immensité du désir, de la sexualité qui fascine et effraie, support des fantasmes) ; le feu du savoir, qui est l’une des sources de la peur que la sorcière inspire : un savoir à la fois occulte et organique, une communication avec l’invisible et une connaissance de la nature, qui lui donne un pouvoir de vie et de mort sur les naissances et les récoltes.

L’année 2025 est une grande année pour le Musée de Pont-Aven qui fête ses 40 années d’existence. Ouvert en 1985 à l’initiative de l’association des Amis du Musée de Pont-Aven, à l’origine sans collection mais dans le but de valoriser l’histoire artistique de la cité des peintres, il est devenu l’un des musées les plus fréquentés de Bretagne. Reconnu pour ses expositions temporaires de qualité, le musée accueille plus de 100 000 visiteurs par an.



- Louis-Maurice Boutet de Monvel, La Leçon avant le sabbat 1880,
Huile sur toile, Nemours, Château-Musée © Grand Palais Rmn / Philippe Fuzeau -

Musée de Pont-Aven
place Julia 29930 Pont-Aven
tel. 02 98 06 14 43