Saint-Etienne. Max Charvolen, artiste nomade…
La galerie Ceysson & Bénétière, 10 rue des Aciéries, lui offre ses espaces... en déplacements du 15 juin au 27 juillet. L’occasion d’observer les « fragments d’une cartographie de nos espaces de vie ».

Le critique Raphaël Monticelli en décodeur (extraits) :
« Dès la fin des années 60. Max Charvolen travaille sur la relation entre œuvre - disons espace plastique ou espace symbolique et lieu dans lequel l'œuvre est réalisée et/ou montrée disons espace physique, de vie, de travail ou de monstration. C'est une période où il transforme la toile par découpes, respectant ou non le rectangle initial, le fragmentant, déplaçant les fragments, et explorant la diversité des mises au regard de la pièce achevée et des effets induits par la position du spectateur….
Ce recouvrement par collage une fois réalisé, l'œuvre est laissée en place pendant le temps de séchage, phase que l'artiste peut faire durer plus ou moins longtemps, jusqu'à plusieurs années dans certains cas. La toile en cours de réalisation continue alors sa transformation en raison de l'usage qui est fait de l'espace sur lequel elle a été réalisée: traces de passages, poussières, détritus... A la fin de la période de séchage, la toile est arrachée de son support, je laisse imaginer l'effort physique déployé lors de cette opération. Elle emporte avec elle le souvenir du volume sur lequel elle a été formée, et, parfois des éléments du bâti. On y verra une peau, une mue, une dépouille, que Charvolen veut présenter le plus à plat possible. Comme chacun l'a sans doute expérimenté sur le volume d'un cube la mise à plat implique que certaines arêtes du volume soient découpées. On pourra y voir le classique passage des trois dimensions de l'espace physique aux deux dimensions de l'espace plastique. Lorsque la toile achevée est exposée, se posent les questions de la monstration, parfois de façon très inhabituelle, en raison de dimensions hors normes et de formats inattendus….
La démarche de Charvolen unique creuse les problématiques de l'approche analytique et critique des années 60 pour traiter des questions qui traversent toute l'histoire de l'art que représenter du monde dans lequel nous vivons, de nos espaces et de nos objets ? Comment le représenter ? Dans quels lieux et dans quels contextes ? Comment passer des trois dimensions de l'espace physique, aux deux dimensions de l'espace plastique ? Comment justifier les formats que nous employons et les formes que nous leur donnons ? Comment rendre compte du monde, par la peinture ? Comment le penser ? Comment donner sens et raison à notre approche sensible du monde? Peut-on remotiver rendre sens au symbole en le reconstruisant / reconstituant sur ce qu'il symbolise d'abord l'espace physique dans lequel nous évoluons ? »
L’œuvre de Max intrigue. Elle ne laisse pas indifférent. Max attire notre regard là où nous l’avons perdu. Comme il le dit lui-même : Je donne à voir ce qui est.

- Max Charvolen, Colmar, annexe de l’Espace Malraux, escalier, murs, palier...
Fragments de toile, colle et pigments, 2016 - Courtesy Ceysson & Bénétière -