Littérature. Le prix Cino Del Luca revient à Boulaem Sandal...
Créé par Simone Del Duca en 1969 en hommage à son mari, mécène et grand patron de presse, le Prix mondial vient couronner la carrière d’un auteur français ou étranger dont l’œuvre constitue, sous forme scientifique ou littéraire, un message d’humanisme moderne. Doté d'un montant de 200 000 €, il offre, après le Prix Nobel, l'une des plus importantes dotations pour un prix littéraire de dimension internationale.

- Boualem Sansal -
Sur proposition du jury du Prix mondial Cino Del Duca, présidé par Amin Maalouf, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, le Comité de Fondation Del Duca, présidé par Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France, a décerné le Prix mondial 2025 à Boualem Sansal. Ce prix rend hommage à la force d’un écrivain qui, par-delà les frontières et les censures, continue de faire entendre une parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire.
Romancier francophone, Boualem Sansal s’est imposé au fil des années comme une voix incontournable de la littérature contemporaine. Avec un courage rare et une plume d’une grande élégance, son œuvre traduit son engagement indéfectible envers notre langue commune et les valeurs qu’elle porte. Par ce choix, le jury rappelle également son attachement à la liberté de création et de publication, à la protection de la vie culturelle et du débat intellectuel.
Boualem Sansal est un écrivain franco-algérien né en 1949 à Theniet El Had, en Algérie. Ingénieur de formation et docteur en économie, Boualem Sansal a tour à tour été enseignant universitaire, chef d’entreprise puis haut fonctionnaire. Sansal prend la plume, à l’âge de 50 ans, pour décrypter l’impasse politique, sociale et économique du pays. Son premier roman, « Le Serment des barbares » , est une critique de la faillite algérienne.
En 2003, il publie « Dis-moi le paradis » , son troisième roman, dont la parution, couplée à ses critiques ouvertes contre le régime en place, entraîne son éviction de son poste de directeur général au ministère de l’Industrie. Il répond à cette mise à l’écart avec « Poste restante : Alger » (2006), une lettre ouverte aussi brève que percutante, adressée à ses compatriotes. Immédiatement censurée,
cette missive ne parviendra jamais à destination. Avec « Le Village de l’Allemand » (2008), Sansal va plus loin encore. Ce roman audacieux met en parallèle les massacres de la guerre civile algérienne et les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Récompensé par le Grand Prix RTL-Lire, il vaudra à son auteur le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands en 2011, saluant son courage à dénoncer sans détour les dérives politiques et sociales de son pays.
L’islamisme, thème récurrent dans son œuvre, est au centre de son essai « Gouverner au nom d’Allah » ( Gallimard, 2013), sous-titré Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe.Avec « 2084 : la fin du monde », Grand Prix du roman de l’Académie française, Sansal poursuit son combat contre le fanatisme religieux. Dans cette dystopie, il rend hommage à Orwell tout en brocardant les dérives totalitaires d’un radicalisme religieux menaçant les démocraties. En 2018, il publie « Le train d’Erlingen » ou La métamorphose de Dieu, un roman épistolaire et en 2020 « Abraham ou La Cinquième Alliance ».
En novembre 2024, Boualem Sansal est arrêté à l'aéroport d'Alger à son retour de Paris. Les autorités algériennes l'accusent d’« atteinte à l'unité nationale » en raison de ses déclarations sur les frontières entre l'Algérie et le Maroc. Il est incarcéré au pavillon pénitentiaire de l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger. Le 25 mars 2025, il est condamné à cinq ans de prison ferme.