Cannes Festival. « On tourne »…
« Elle est née au Festival de Cannes, sa délicatesse humble et puissante va manquer, j'aimerais dédicacer cette cérémonie d'ouverture à Émilie Dequenne. » C'est par cet hommage que Laurent Lafitte s’est adressé au public du Grand Théâtre Lumière lorsque les lumières se sont allumées hier soir sur la 78ᵉ édition du Festival.

- photo © Joachim Tournebize/FDC -
Donnant en exemple James Stewart, Jean Gabin, Joséphine Baker, Marlène Dietrich, Richard Gere, Isabelle Adjani, Taraneh Alidoosti, Rock Hudson, Adèle Haenel ou encore Volodymyr Zelensky, Laurent Lafitte a appelé à imiter leur courage, « par nos discours, nos choix et nos refus, afin d’être à la hauteur de cette phrase de Frank Capra : Seuls les audacieux devraient faire du cinéma. »
Le Maître des cérémonies a ensuite invité à le rejoindre sur scène les neuf audacieux qui composent cette année le Jury international des Longs Métrages : Halle Berry, Payal Kapadia, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi, Hong Sangsoo, Carlos Reygadas et Jeremy Strong, et leur présidente : Juliette Binoche. L’actrice française a porté une parole attentive aux grondements du monde actuel : « Dans toutes les régions du monde, des artistes luttent tous les jours et font de cette résistance un art. Le 16 avril dernier à l’aube, à Gaza, âgée de 25 ans, la photojournaliste Fatima Hassouna et dix de ses proches ont été tués par un missile qui a frappé leur maison. Elle avait écrit : La mort m’a traversée. La balle du tireur m’a traversée, et je suis devenue un ange. La veille de sa mort, elle avait appris que le film dans lequel elle figurait était sélectionné ici, au Festival de Cannes. Fatima aurait dû être parmi nous ce soir. L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves, et nous, spectateurs, nous l’embrassons. Que le Festival de Cannes, où tout peut basculer, y contribue ! »
Hommage encore, cette fois à l’immense cinéaste disparu en janvier dernier, David Lynch. Avec celle qui entre alors en scène, il partageait le goût de l’étrange et des secrets. La chanteuse franco-canadienne Mylène Farmer a interprété pour lui, de sa voix aérienne, un titre inédit invitant à la paix d’un long sommeil.
Au point culminant de cette cérémonie, c’est une salle debout qui a salué l’entrée en scène de Leonardo DiCaprio. L’acteur américain, qui lui doit le lancement de sa carrière et sa rencontre avec Martin Scorsese, a témoigné de son admiration envers Robert De Niro, avant de lui remettre une Palme d’or d’honneur : « L’œuvre de Robert De Niro se décline dans la façon dont il a inspiré les acteurs à traiter leur métier, pas seulement comme une performance solo, mais comme une transformation. Robert De Niro n’est pas juste un grand acteur, c’est L’Acteur. Avec Martin Scorsese, ils ont raconté les histoires les plus légendaires du cinéma, les histoires sans compromis. Ils n’ont pas seulement fait des films, ils ont redéfini ce que le cinéma pouvait être. Ils ont élevé la relation entre acteurs et réalisateurs au stade d’un creuset de partage des risques. »

- photo © Joachim Tournebize/FDC -
Enfin, pour clore cette cérémonie, c’est à Quentin Tarantino qu’il est revenu de déclarer ouvert le Festival.