Sur le rivage, chaque matin d’hiver, la mer se retire en laissant derrière elle des bancs denses de posidonies échouées. On sait que ces herbiers ont un rôle important, notamment celui de fixer le fond sableux, d’accueillir et de nourrir une large variété d’espèces marines. On découvre maintenant que ces algues, mortes, peuvent être une base pour la fabrication d’une boisson alcoolisée. 

« Tout a commencé un beau soir d’hiver, dans la petite brasserie clandestine Branao, un établissement aussi discret que son improbable renommée, niché entre les collines verdoyantes et les eaux émeraude de notre riante côte d’azur. Eric Dutilleul, le maître brasseur, et son fidèle comparse Georges Compère dégustaient une de leurs dernières créations (une gueuze à la farine de pois chiche) lorsque l’idée folle germa dans leurs cerveaux déjà bien imbibés. Georges, en observant les amas de posidonies s’accumulant sur la jolie plage de la baie des fourmis, s’écria :

- Et si on en faisait du malt ?

Eric étouffa un rire avant de plonger dans une réflexion intense. Était-ce seulement possible ? Ils contactèrent alors un vieux moine trappiste réfugié à Nice, un certain Frère Alphonse Van Olijf, qui affirma avoir entendu parler d’expériences similaires menées dans un monastère oublié des Flandres, où les moines tentaient de faire fermenter des algues pour produire une bière aux vertus mystiques.

Le projet était né : la Posidonia, fille des abysses et des abbés. Une bière marine, fusion du terroir méditerranéen et du savoir-faire brassicole ancestral. Transformer la posidonie berlugane en un ingrédient brassicole n’a pas été une mince affaire. Après de nombreuses expérimentations dignes d’un laboratoire d’alchimie, Eric et Georges découvrirent que les feuilles de cette plante, une fois séchées et torréfiées, dégageaient des notes subtiles d’iode et de noisette. Mais il manquait encore un élément pour parfaire l’équilibre de la recette.

C’est en visitant un moulin à huile du haut pays que l’idée jaillit soudain : pourquoi ne pas utiliser des noyaux d’olive, l’arbre emblème de Beaulieu-sur-Mer ? Cet ingrédient insolite, une fois grillé, dégageait des arômes de caramel et de bois toasté. Associé aux notes marines de la posidonie, il créait un profil gustatif unique ! »

C’est ainsi qu’allait naître, après de nombreux essais, une bière blonde qui revendique son originalité. Une bière aux reflets ambrés, au nez iodé et fruité, avec une légère amertume et une finale persistante rappelant les embruns de la Méditerranée !

• Les brasseries Branao et la commune de Beaulieu-sur-mer, s’associent pour produire Posidonia, la première bière à base de farine de posidonies et de pépins d’olives. La première récolte de ce « cru 2025 » a démarré en janvier dernier avec l’aide du tractopelle du service des plages.